Partir, c’est mourir un peu - Histoires de Sexe

Partir, c’est mourir un peu

... inscrire un adulte au FPR, le Fichier des Personnes Recherchées, et nous déclenchions une RIF, la Recherche dans l’Intérêt des Familles.
— C’est quoi ça ?
— La RIF a été créée après la Première Guerre mondiale pour retrouver les personnes disparues pendant le conflit. Cette procédure a ensuite été étendue à toutes les disparitions d’adultes. Si la personne était découverte, elle était libre de communiquer ou pas ses coordonnées à sa famille. La police devait respecter son choix, mais pouvait rassurer les proches. La RIF a été supprimée il y a quelques années.
— Pourquoi ?
— Avec les réseaux sociaux, chacun peut faire ses propres recherches, ce n’est pas le rôle des forces de l’ordre.
— Michel a peut-être été enlevé ?
— Madame, soyez réaliste. Votre mari part en voiture avec son ordinateur et un sac de voyage, croyez-vous vraiment qu’il ait été enlevé ? D’après ce que vous me dites, il est parti de son plein gré. Avez-vous contacté vos proches ? Il est peut-être chez des amis, ou chez des parents.
— Sans rien me dire… C’est ridicule.
— N’avez-vous rien remarqué avant… ? Avait-il changé ses habitudes ? Avait-il des ennuis dans son travail ? Des ennuis de santé ? Était-il déprimé ?
— Non, je n’ai rien remarqué.
— Je ne devrais pas vous poser cette question. Pensez-vous que votre mari ait une maîtresse ?
— Non, voyons.
— En êtes-vous certaine ? En général, le conjoint n’est pas le mieux informé.
— Non… Non, je m’en serais aperçu.
— Est-ce qu’il se droguait ? Il a ...

... peut-être fait une mauvaise rencontre, dans ce milieu ça arrive.
— Non, il ne fumait même pas.
— Ou alors…
— Quoi ?
— Vous savez, certaines personnes fuient leur entourage, leur famille, leur travail. Elles disparaissent du jour au lendemain pour couper les ponts, vivre leur vie ailleurs. Excusez-moi de vous le dire franchement, ces personnes décident de vivre loin de leur femme ou de leur mari.
— Mais pourquoi ?
— Vous me demandez la raison pour laquelle votre mari aurait voulu vous quitter. Vous seule, madame, pouvez répondre à cette question.

Marie baisse la tête, honteuse.

— Rentrez vite chez vous, madame, votre mari doit vous y attendre… Vous avez déposé une main courante. Si nous apprenons quelque chose, nous vous préviendrons…

Désignant une affiche de recherche d’enfants disparus placardée sur le mur du commissariat. Il ajoute :

— Vous pouvez toujours les contacter, c’est une association sérieuse.

En sortant, Marie ne sait plus quoi penser. Michel était-il au courant de sa liaison avec Fabrice ? Non, il lui aurait fait une scène, aurait crié, l’aurait engueulé, peut-être même serait-il parti en claquant la porte. Mais pas comme ça, sans rien dire. Impossible de croire qu’il ait voulu disparaître. Il lui est certainement arrivé malheur, et les flics ne font rien pour le secourir. « Mon chéri, où es-tu ? ».

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Après avoir regardé le site internet de l’association dont elle a vu les affiches au commissariat, Marie prend rendez-vous pour ...