1. Partir, c’est mourir un peu


    Datte: 20/01/2025, Catégories: extracon, Collègues / Travail amour, confession, rupture, extraconj, Auteur: Patrick Paris, Source: Revebebe

    ... vous êtes disputés ?
    — Non… Je ne comprends pas. J’ai appelé son bureau, il a démissionné sans me le dire. Il n’est pas rentré depuis deux jours. Il a juste pris quelques affaires.
    — Pas un mot d’explication ?
    — Non rien. Il a dû partir avec une femme, le salaud.
    — Allons, ma chérie, tu ne vas pas lui faire la morale.
    — Que veux-tu dire ?
    
    Marie blêmit. Elle bafouille :
    
    — Et puis zut, autant te le dire. J’ai une relation avec un collègue depuis quelques mois. Je sais, c’est ridicule, je n’aurais pas dû. Mais, Michel n’en a jamais rien su.
    — Tu en es sûre ?
    — Imagine la scène s’il l’avait appris.
    — Alors c’est vrai, tu as un amant.
    — Ça n’a pas l’air de te surprendre ?
    — Il y a trois ou quatre mois, je t’ai vue attablée à un café avec un mec que je ne connaissais pas, il te tenait la main. Ton regard, il n’y avait aucun doute, tu étais amoureuse. Pas besoin de me faire un dessin, j’ai bien pensé que tu avais une aventure.
    — Oh ! Tu m’as vu… Tu en as parlé à qui ?
    — À personne, pas même à mon mari. C’est ta vie. Mais quand je te voyais avec Michel, j’avais mal pour lui. Le pauvre.
    — Oh ! J’ai honte, tu sais.
    — Rassure-toi, s’il avait su pour toi et ton collègue, tu l’aurais entendu… S’il a démissionné, il avait peut-être des ennuis au bureau.
    — … J’avais des remords, tu sais. Dire que j’avais décidé de tout arrêter.
    — Je ne te demande rien,
    — Qu’est-ce que je peux faire ?
    — Attendre qu’il revienne. Il te dira. Vous pourrez en discuter calmement.
    — Et ...
    ... s’il ne revient pas ?
    
    Audrey est pragmatique :
    
    — Tu as été à la police ?
    — À la police, pourquoi faire ?
    — Michel a disparu, il faut signaler sa disparition.
    — Comment ça ?
    — Il est peut-être en danger… Et s’il lui était arrivé quelque chose.
    — Mais je vais être ridicule.
    — Comme tu veux. Moi, à ta place, je m’inquiéterais…
    
    La police ? Audrey lui a fait peur, Marie n’en a pas dormi de la nuit.
    
    ---oOo---
    
    La conversation avec Audrey la culpabilise, si elle ne fait rien, elle s’en voudra. Elle hésite. Deux jours plus tard, sans trop oser, Marie pousse la porte du commissariat pour signaler la disparition de son mari.
    
    Après une heure d’attente, elle est enfin reçue par un inspecteur pour prendre sa déposition. Le fonctionnaire l’écoute en prenant quelques notes. Anxieuse, elle demande timidement :
    
    — Qu’allez-vous faire pour retrouver mon mari ?
    
    La réponse tombe comme un couperet :
    
    — Rien, madame. Si nous devions rechercher tous les maris qui découchent…
    — Il est peut-être en danger.
    — Calmez-vous. Il va sûrement revenir.
    — Et s’il ne revient pas, vous faites quoi ?
    — C’est un adulte, il a le droit de circuler comme bon lui semble. C’est la liberté de circulation, le droit de tout citoyen.
    — Mais, ce n’est pas dans ses habitudes, il lui est arrivé quelque chose. Je le sens.
    — …
    — Alors, vous ne ferez pas d’enquête ?
    — Jamais pour un adulte, si la disparition n’est pas jugée inquiétante.
    — Mais je suis inquiète moi.
    — Avant, nous pouvions ...
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