1. 0311 Des retrouvailles peuvent en cacher d’autres.


    Datte: 10/01/2025, Catégories: Entre-nous, Les hommes, Auteur: Fab75du31, Source: Hds

    ... envie de caresser mon bobrun à cet instant précis. Je voudrais passer ma vie entière à le câliner comme la nuit passée.
    
    En dépit de la pluie de la veille, le ciel est bleu, et un beau soleil distribue dans ce somptueux tableau naturel des couleurs à couper le souffle. Les pentes opposées se reflètent dans les eaux, des eaux limpides mais aux nuances changeantes suivant le point d’où on les regarde et l’intensité des rayons du soleil.
    
    J’ai envie de prendre mon Jérém en photo devant ce cadre somptueux. Je sors mon appareil et je l’appelle.
    
    « P’tit Loup ! »Et là, le bobrun tourne sa tête. Et il me sourit. Et son sourire doux est tellement beau que j’engage pas moins de quatre poses pour être certain de l’immortaliser, pour capturer cet instant de bonheur. Car je suis certain que cela va donner un cliché magnifique.
    
    Il n’y a personne aux alentours, je le rejoins près de la pierre où il est assis. Le bobrun me fait m’asseoir entre ses jambes et me prend dans ses bras. Je me contorsionne pour lui faire un bisou, qu’il me rend plusieurs fois, avec un sourire qui me fait fondre. Je me laisse bercer par cet instant précieux et magique, par ce paysage de montagnes, d’eau, de forêt et de pierre. Et par cette douce accolade, par ses bisous intarissables, dans le cou, sur les oreilles, sur la joue, par sa barbe qui râpe doucement le bas de la nuque, par son souffle chaud qui me donne des frissons. Je suis infiniment heureux.
    
    Soudain, je pense à un autre instant, un an ...
    ... plus tôt, où j’étais dans ses bras, face à un autre majestueux spectacle offert par les Pyrénées. C’était sur la butte devant la grande cascade de Gavarnie. Et c’était juste avant qu’il m’annonce qu’il venait d’apprendre qu’il était recruté par le Racing et qu’il devait partir dès le lendemain.
    
    Cette fois-ci aussi il doit repartir le lendemain. Mais j’espère qu’après ces nouvelles retrouvailles, notre « séparation » sera moins difficile, et moins pleine d’incertitudes pour la suite de notre relation. Et surtout, surtout, surtout, j’espère que lorsque nous redescendrons à Campan, Charlène ne nous annoncera pas une nouvelle catastrophe à l’autre bout du monde.
    
    Je repense à sa tête lorsqu’elle nous avait ouvert la porte il y a un an. Je repense à l’incrédulité, puis à l’effroi devant la tour en feu. A la douleur mentale et presque physique lorsque le deuxième avion avait percuté la deuxième tour. Je repense à l’horreur, au sentiment d’impuissance, à la peur panique.
    
    L’horreur du drame de Manhattan s’invite dans le bonheur de cet instant magique en le rendant presque obscène.
    
    Oui, je pense à Manhattan. Et je pense à Kaboul. Un air de musique se fraie un chemin dans mon esprit.
    
    Petit Portoricain…
    
    Et la culpabilité s’invite elle aussi dans mon esprit. Heureusement, Jérém se charge de m’arracher à mes états d’âme.
    
    « Tu sais ce que j’aime en toi ? »Ah, j’aime bien cette entrée en matière qui annonce la réponse à une question que je me pose depuis toujours.
    
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