1. 0311 Des retrouvailles peuvent en cacher d’autres.


    Datte: 10/01/2025, Catégories: Entre-nous, Les hommes, Auteur: Fab75du31, Source: Hds

    ... sentir tout « petits ». Même les passerelles et le grand pont en pierre qui nous permettent d’enjamber sa rage, nous paraissent si humbles face à la force inouïe qui coule sans discontinuer en contrebas. Les balcons à flanc de montagne nous permettent d’approcher un peu plus l’inépuisable vigueur de l’élément aquatique qui s’engouffre comme une furie dans le canal en pierre creusé par des millénaires de course sans répit. Au plus près du courant et de son écume, j’ai l’impression de plonger dans son hurlement assourdissant et impérieux.
    
    Il est midi lorsque nous rejoignons le seul restaurant sur place. Nous faisons une halte pour prendre des sandwichs et des boissons. Devant la grande cascade, je tente de prendre Jérém en photo. Une nana s’arrête et me propose de nous prendre en photo tous les deux. J’accepte avec grand plaisir. J’ai si peu de photos où nous sommes tous les deux ! Je m’installe à côté de lui et je sens sa main se glisser sous mon t-shirt à hauteur de mes reins. Je suis si heureux.
    
    Nous laissons les cascades derrière nous et nous mangeons nos sandwichs en marchant, direction le lac de Gaube. Le petit chemin qui relie les deux sites démarre avec un certain nombre de hautes marches en pierre, avant de continuer dans la forêt. Nous traversons ensuite une région plus ouverte, où des vaches grises à cornes paissent en toute quiétude et ne lèvent même pas la tête à notre passage. Je ne suis pas rassuré, je me rapproche de mon bobrun qui trace son chemin comme ...
    ... s’il ne les avait même pas vues.
    
    Il n’y a pas trop de monde, et nous avançons vite.
    
    Le chemin continue ensuite dans différents décors, tantôt à flanc de pente, tantôt à l’abri de la végétation boisée, tantôt dans des passages encaissés, puis dégagés. Au bout d’une bonne heure de marche assez prenante, notre petit périple débouche enfin sur un théâtre naturel majestueux.
    
    Un petit lac d’eau turquoise est posé entre deux pentes de roche et de pins blancs, comme un diamant incrusté dans un bijoux précieux.
    
    Au loin, trois isards pâturent dans la pente et semblent nous surveiller du coin de l’œil. Sur le fond, une grande montagne clôt la vallée. Nous nous arrêtons un instant devant ce spectacle naturel saisissant.
    
    « Tu sais quelle est cette montagne, au fond ? je questionne mon beau guide.
    
    — Je crois que c’est le Vignemale. C’est le plus haut sommet des Pyrénées.
    
    — Mais tu sais tout, mon Jérém !
    
    — C’est l’une des rares choses que mon père m’a apprises, avant que nous commencions à nous détester » il lâche, avant de continuer vers le rivage.
    
    Une fois arrivé près de l’eau, il s’assoit sur une grande pierre. Il s’installe de trois quarts par rapport au lac, une jambe allongée, pied au sol, l’autre repliée contre son torse, enserrée dans ses bras, le menton posé sur le genou, la tête tournée vers la vallée, le regard au loin, contemplatif. Il est beau et touchant à en pleurer.
    
    Des vaguelettes incessantes caressent le rivage caillouteux, tout comme moi j’ai ...
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