Le torrent - Histoires de Sexe

Le torrent

... dépendra de lui…

La pluie s'était interrompue durant la nuit et une aube orangée s'était levée depuis peu.

Glynis avait quitté la petite tente improvisée qu'elle s'était confectionnée pour se glisser sous l'abri plus vaste fabriqué par la chasseresse. Quatre jeunes troncs de saule soutenant un toit de branchages recouvert de fougères, sous lequel elles avaient installé le blessé. Tara avait veillé toute la nuit et paraissait fatiguée.

— Tu vois… je ne l'ai pas tué.

La soigneuse laissa passer un moment et sourit à sa compagne avant de s'approcher de l'homme inconscient.

— Il n'a pas repris connaissance ?
— Si…

L'unique mot de l'Ouroukos fit tressaillir la soigneuse. Des yeux verts interrogateurs se levèrent vers la chasseresse.

— J'ai réussi à lui faire ingurgiter tout un bol de ton mélange.
— Il a tout bu ?
— Oui. Et c'est un homme poli…

Tara afficha un large sourire et caressa la joue de Glynis qui s'était statufiée, regard braqué sur sa compagne et bouche ouverte comme si elle cherchait ses mots avant de parler.

— Il m'a remerciée…
— C'est un Ouroukos ?
— Non. C'est certain. Il a parlé Tallak. Mais il n'est pas Tallak, j'en suis presque sûre. Il est simplement très malin. Il connaît la région et a pensé que j'étais une des leurs. Il a prononcé d'autres mots. Ours. Danger. Ravin. Il a un accent prononcé que je ne connais pas.

La soigneuse délaissa son amie et se pencha vers son protégé. L'homme respirait calmement et ne transpirait plus. ...

... La fièvre semblait s'être éloignée.

— Je crois qu'il va guérir. Il va vivre, Tara…

La guerrière Ouroukos soupira et se releva lentement avant de s'étirer longuement.

— Dans l'état où il est… La première chose qu'il a faite, c'est essayer de me prévenir d'un danger… Je ne pense pas que ce chasseur soit un homme mauvais. Si les esprits lui permettent de vivre… nous veillerons sur lui jusqu'à ce qu'il soit guéri.
— Et ensuite ?

La chasseresse, une moue comique sur les lèvres, secoua doucement sa crinière de jais.

— Je ne suis pas devineresse, ma belle… Nous en saurons plus quand il ira mieux. Là… nous verrons bien ! J'espère qu'il se montrera amical. Au moindre doute…

Glynis hocha la tête et jeta des herbes dans sa coupelle de bois. Elle préparait une autre de ses mixtures de guérisseuse.

— Je vais m'occuper de lui. Va te reposer, mon amour.
— J'ai faim. Je vais manger un morceau d'abord.
— J'ai découpé un peu de ton saumon cette nuit. Et deux truites sont prêtes à être cuites.

La soigneuse éprouvait un intense soulagement. Elle savait que sa compagne n'avait jamais fait le moindre mal à un autre être humain. Pourtant, il paraissait évident que la guerrière n'hésiterait pas à tuer si elle pensait les protéger d'un danger. Dans la nuit, des mots prononcés par un homme en proie à la fièvre lui avaient sauvé la vie.

Ce matin, si Tara paraissait fatiguée, elle semblait moins nerveuse et avait décidé ne pas tuer l'étranger blessé, tout au moins pour un ...