1. La sculptrice aveugle


    Datte: 12/11/2024, Catégories: amour, cérébral, Voyeur / Exhib / Nudisme rencontre, Auteur: Melle Mélina, Source: Revebebe

    ... retira le carton qui recouvrait un amas de terre glaise. Ce faisant, elle m’expliqua qu’elle comptait me sculpter tel que j’étais et non tel qu’elle me voyait dans son monde de blanc et de tâches. Puis elle ajouta :
    
    — Ce serait dommage de dénaturer un si beau corps.
    
    Je déglutis à ce que je venais d’entendre. De nouveau, elle se jouait de moi. Allais-je me laisser bringuebaler à droite, à gauche sans émettre la moindre résistance ? Je pris mon courage à deux mains et m’approchai de la table.
    
    — Que fais-tu ? Romuald ?
    
    Lorsque je lui fis face, je lui attrapai les mains. Elle se laissa faire.
    
    Je l’approchai de moi, elle se laissa faire.
    
    Je la ceignis, elle se laissa faire.
    
    Je déposais mes lèvres sur les siennes, elle se laissa faire. Un baiser doucereux, juste un effleurement, une caresse des lèvres.
    
    Elle me repoussa gentiment, sans aucune trace de contrariété ou de déplaisir sur le visage.
    
    — Non Romuald, je dois travailler.
    
    Romuald était au centre de toutes mes pensées, je n’arrivais pas à me concentrer sur ce que je faisais. C’en était agaçant. Je voulais reproduire à l’identique son corps, mais comment le faire lorsque toute mon attention restait focus sur les sensations que j’avais ressenties ? Mes mains avaient parcouru son corps comme l’aurait fait un lézard, je l’avais touché du bout des doigts, puis je l’avais palpé pour le graver dans ma mémoire.
    
    Ce n’était pas le premier « beau » corps que j’auscultais alors, pourquoi cet émoi ? De ...
    ... petits frissons inexplicables parcouraient mon corps, c’étaient sans doute les prémices d’une excitation idiote. Je me devais de rester professionnelle. Si je me laisse aller à chaque corps que je tâte, mieux vaut que je change de métier.
    
    J’avais apprécié, dès son entrée un peu gauche, la fragrance de son parfum, épicé, fort, sauvage, mais paradoxalement, assez aérien et surtout discret. Des phéromones sexuelles n’auraient pas eu un tel impact.
    
    Il est vrai que j’ai l’odorat plutôt aiguisé et que j’en suis véritablement sujette.
    
    Sa voix m’avait envoûtée. Elle n’a pourtant rien d’extraordinaire, je dirais même qu’elle est commune, j’en ai déjà entendu plus d’une comme la sienne, mais il y avait un ton que je ne saurai définir qui me détendit.
    
    Je remarquai qu’en sa présence je m’étais remise à fredonner. Cela faisait plusieurs éons que je n’avais pas travaillé de la sorte ! Je commençais par dégrossir l’amas de glaise devant moi, et lui donnais juste quelques courbes, rien de distinct. Je pétrissais l’argile et tentais de lui donner des formes arrondies, mais j’étais si impatiente de donner une ressemblance à mon sujet que déjà je m’éloignais de mon objectif. Une nouvelle fois, l’œuvre que je dessinais devenait absconse.
    
    Cela faisait maintenant deux heures que je malaxais l’argile soyeuse et se présentait devant moi un corps informe ou plutôt difforme voire dix formes. Je me mettais une pression à réussir mon projet pour plaire à mon invité. Oh, je voulais tellement ...
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