1. La sculptrice aveugle


    Datte: 12/11/2024, Catégories: amour, cérébral, Voyeur / Exhib / Nudisme rencontre, Auteur: Melle Mélina, Source: Revebebe

    ... réconforter son fils, et me sourit de ce genre de sourire un peu amusé, un peu moqueur puis me dit :
    
    — Romuald, tu sembles être une belle personne… Sois toi-même ! Ne cherche pas à m’impressionner en revêtant une attitude qui ne te correspond pas, ta timidité me convient, ne te sens pas obligé de jouer un rôle.
    
    Elle dit tout ça d’un ton badin qui me rassurait, elle ne l’avait visiblement pas mal pris. Elle approcha le visage à quelques centimètres du mien et tout comme elle l’avait déjà fait pour me demander de me décontracter, me murmura :
    
    — Lorsque c’est à mon goût, je suis très gourmande…
    
    Cette phrase eut l’effet d’une bombe dans ma petite tête, je déglutis, avais-je bien compris ? Elle ne cessait de souffler le chaud et le froid, elle se jouait de moi, j’en étais bien conscient.
    
    Je cherchais une répartie, mais les mots m’échappaient de nouveau.
    
    Elle arriva aux pieds, mais, il sembla que cette partie de mon anatomie ne l’intéressait guère… c’est à peine si elle les toucha. Je remarquai une petite mine de dégoût, juste un signe presque imperceptible sur les lèvres et les sourcils légèrement froncés.
    
    De nouveau, elle répondit à ma remarque silencieuse :
    
    — Désolée, j’ai un problème avec les pieds. Je…
    
    La balle venait de changer de camp, pour une fois, c’était elle qui se sentait mal à l’aise et moi qui devinais le fond de ses pensées. Je la rassurais maladroitement, ce qui lui rendit le sourire qui s’était furtivement effacé.
    
    Elle alla vers un ...
    ... carton dans le fond de la pièce en commentant :
    
    — C’est bon, j’ai bien tout en mémoire, je vais pouvoir commencer.
    
    Lorsqu’elle se déplaça, je la regardais encore, je n’arrivais pas à détourner les yeux de cette silhouette dont il émanait tant de dualité : la froideur de son toucher et la chaleur des mots susurrés, l’âpreté de ses mains et la douceur de ses caresses, l’austérité de ses demandes et la bienveillance à mon égard.
    
    Soliflore me sourit, resplendissante dans la lumière blanche du jour. Je remarquai presque un halo l’envelopper. À mes yeux, elle était une émanation de la vie, elle était une incarnation d’un ange et je trouvais ironique que cette divinité semblât vouloir peindre les personnes normales. C’était comme si une étoile s’intéressait au vermisseau.
    
    Sans m’en rendre compte, je venais de penser tout haut. Qu’avais-je dit ? Qu’avais-je fait ? Je n’en sais rien, mais ce dont je suis sûr, c’est qu’elle me répondit par un petit rire gêné.
    
    — Je crains, mon cher Romuald, que tu ne sois aveugle. As-tu bien regardé mes œuvres ? Les personnes normales ? Regarde autour de toi, et notamment celle qui est à ta gauche : que vois-tu ? Ne vois-tu pas un monstre ? Une entité difforme ?
    
    J’osais répondre :
    
    — J’espère que tu ne me transformeras pas comme ces pauvres hères !
    
    Elle était proche d’une table sur tréteaux sur laquelle étaient posés divers outils, ciseaux, manettes, burins, marteaux, pinceaux et gants. Soliflore vêtit ses mains de protections, puis ...
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