La pêche au gros_2
Datte: 02/11/2024,
Catégories:
Entre-nous,
Hétéro
Auteur: Briard, Source: Hds
... avec précision.
A la levée des filets, c’est lui qui était au treuil. Il savait parfaitement la bonne longueur à remonter pour que les hommes aient le temps de décrocher les poissons et de frapper au marteau en bois les crabes et araignées prisonniers des mailles. Les restes collés aux fibres feraient d’excellents appas.
Ainsi, il se taisait.
- Je suis passé par la pêcherie, j’ai vu que le Yann, il cherche un contremaître. Tu crois que je pourrais tenter ma chance ?
- Pour sûr que je le crois. Il te faudrait aller parler à Coralie. C’est sa nièce, il doit bien l’écouter. Si tu la convaincs et que tu te la mets dans ta poche, elle parlera de toi et tu seras embauché. Ce serait formidable. On se verrait tous les jours, on rentrerait manger à la maison le midi et je n’aurai plus à souffrir ses mégères qui murmurent dans mon dos que je serais stérile. Va la voir et demande-lui un entretien. Je t’aiderai à le préparer pour que tu lui dises tout ce qui sera bon pour toi. Et si tu lui fais comprendre que t’es le meilleur, elle parlera à son oncle et il te prendra. On va faire ça ce soir et tu iras la voir demain.
Chemisé, cravaté, sans sa casquette de capitaine de navire, Pierre-Yves s’en alla frapper à la porte du bureau de Coralie.
Elle vint lui ouvrir, toute surprise de le recevoir.
- Pierre-Yves ? Ben ça, tu es venu me voir ?
- Pour sûr Coralie, j’ai quelque chose à te dire.
- Assieds-toi.
Elle s’installa confortablement dans son fauteuil et ...
... observa son visiteur.
C’était un bel homme, à la carrure impressionnante. Il avait un visage triste, envahi par une barbe épaisse. Quand il ouvrait la bouche, on voyait la dentition d’un homme sain. Il avait des mains, de véritables battoires, des épaules très larges, et une poitrine musclée. On se sentait tout petit à côté d’un tel homme.
S’il n’y avait pas eu cette maudite Azilis, elle l’aurait dévoré tout cru.
Mais il n’avait toujours eu d’yeux que pour la belle de la fille mère. Tout le monde savait que depuis qu’ils étaient tout petits, elle et Elouan s’aimait d’un amour indestructible. Mais elle savait que le Pierre-Yves en avait toujours pincé pour elle. Un amour désespéré qui était et le resterait, tel pensait tout le microcosme de la pêcherie.
Elle n’en avait jamais rien ignoré, mais n’en avait cure. Cette grossesse avait été une extraordinaire surprise qui avait obligé le Yann à éloigner son fils de la région et de l’envoyer au loin finir ses études et commencer sa vie professionnelle.
Elle savait parfaitement qu’il l’avait envoyé en Angleterre chez de lointains cousins où il avait été pris en pension et, en cinq longues années, avait fini brillamment ses études. Elle savait aussi qu’il avait été embauché dans la pêcherie familiale anglaise comme contremaître et que, deux ans plus tard, la ville l’avait recruté comme commandant du port et que depuis huit ans il travaillait là-bas et y avait fait sa vie.
Elle le savait car Elouan lui était promis.
Ils ...