La pêche au gros_2
Datte: 02/11/2024,
Catégories:
Entre-nous,
Hétéro
Auteur: Briard, Source: Hds
... on jette le tout dans le seau posé à nos pieds. On écarte de nouveau les ouvertures du ventre et on vérifie que la totalité des viscères est bien retirée.
- On saisit l’arête dorsale d’une main et, avec le même couteau, on la tranche d’un seul mouvement de bas en haut, pour la trancher sans abimer la peau du dos.
- On saisit l’arête ventrale et on fait de même. A ce stade du parage, le poisson est prêt pour être mis à l’étal.
- Si on travaille au taillage des filets, on reprend le tranchoir et, sans tracé préalable, on frappe à deux-trois centimètre du dernier doigt qui saisit la queue. On prend un écailleur et on fait des aller-retours de la queue à la tête, jusqu’à ce que la peau soit complétement lisse, et ce, des deux côtés du poisson.
- On lave à grand jet d’eau le poisson de façon à ce qu’il ne reste aucune écaille, ni sur lui, ni sur le plan de travail. On prend un couteau à longe, avec une lame courte et parfaitement aiguisée. On part du tranché du dos et, en suivant l’arête dorsale, on va jusqu’au tranché de la queue. On ne pénètre que de quelques millimètres, pour amorcer le tracé.
- On prend un couteau à longue lame courbe et en refaisant le même parcours, on longe l’arrondi du ventre jusqu’au tranchant de la queue. Avec les mains, on écarte la chair des arêtes et on pose la parpelette (filet en cours de travail) côté chair sur le plan de travail. On procède de même pour l’autre côté. On donne un coup d’eau pour que le sang s’écoule dans la rainure ...
... du plan de travail.
- On retourne les parpelettes et on enlève les muscles sanguins et les arêtes transverses saillantes avec un couteau à lame dentelée.
- Enfin, on pose les deux filets sur le grand plateau.
Elle repensa aux gestes gauches des jeunes filles et se revit, treize ans en arrière quand, revenue de son avortement, elle avait abandonné ses études pour rejoindre sa mère à la pêcherie.
C’est elle qui lui avait tout appris et, aujourd’hui, elle prenait le relais.
La porte d’entrée s’ouvrit et il fut là.
Elle lui sourit, heureuse de le savoir de retour et à elle pour sept jours.
Il avait l’air fatigué, plus que d’habitude. Il avait aussi l’air courroucé.
- Oh, toi, y a quelque chose qui te reste de travers.
- Je suis fatigué de ce métier Azilis. Je voudrais bien arrêter, rester à terre.
Deux phrases, il avait prononcé deux phrases. C’était parfois plus qu’en certaines journées.
Son Pierre-Yves, c’était pas un causant. Il n’aimait pas parler, avoir à chercher ses mots. Il avait toujours eu des difficultés à exprimer oralement le fond de sa pensée.
Avec ses hommes, pas besoin de causer, il les commandait du regard. Tous le connaissaient et le respectaient pour ça ; Pas causant, mais terriblement efficace.
Du lancé des filets, qui devaient tous se suivre sans écart, jusqu’à la sortie de la zone de pêche, il n’avait pas besoin de dire quoi que ce soit. Il avait tellement bien formé ses hommes, qu’il savait que le travail serait exécuté ...