1. Députée dépitée 3


    Datte: 31/10/2024, Catégories: Entre-nous, Hétéro Auteur: Briard, Source: Hds

    Partie 3
    
    Agathe se tournait les sangs. Lionel n’était pas rentré de la nuit et elle n’avait pas beaucoup dormi.
    
    Elle se traitait de tous les noms, se faisait mille reproches et se jurait que, jamais plus, on ne l’y reprendrait.
    
    Elle l’aimait son Lionel, depuis le lycée elle l’aimait.
    
    Il était le seul, l’unique amour de sa vie.
    
    Gauthier n’avait été qu’un pis-aller, une rencontre fortuite au moment où elle était traversée par le doute.
    
    Elle sentait bien, ces derniers temps, que sa patience vis-à-vis de son mari, s’était considérablement amoindrie.
    
    Elle perdait son calme quand elle attendait qu’il soit un peu plus prolixe et qu’il laissait faire.
    
    Elle aurait voulu qu’il entre en joute verbale avec le conseiller, qu’il lui tienne tête, qu’il le domine, qu’il l’écrase, même. Mais au lieu de ça, il lui avait laissé, à elle, tout le boulot.
    
    Il s’était mué dans le plus profond des silences, la laissant seule, au front, face à ce beau parleur.
    
    C’est pourtant vrai qu’il avait un charme fou. De beaux yeux couleur cendre, des cheveux d’un brun de jais, un corps fin et élancé et, cerise sur le gâteau, une assurance qui lui avait permis de prendre le commandement de leur groupe de travail.
    
    Il était un dominant, mais un dominant avec un bagage intellectuel impressionnant.
    
    Elle s’était laissé séduire par son bagout, ses yeux doux, ses regards en coin, ses petits gestes d’attention : sa main posée négligemment sur son épaule ; sa façon, tout en douceur, ...
    ... de lui relever une mèche rebelle sur le front ; sa main qui recouvrait souvent la sienne, comme pour lui dire « laisse, je vais parler ».
    
    Jamais Lionel n’avait eu cette attitude conquérante. Avec elle, il était en pays conquis.
    
    Pourquoi continuer à la séduire, matin après matin, quand la cause semblait entendue.
    
    Elle faisait partie « de ses meubles ».
    
    Elle était sienne, alors pourquoi jouer les coqs dans la basse-cour ?
    
    C’est pourtant ce qu’elle aurait aimé. Qu’il soit son preux chevalier, la défendant corps et âme, menaçant, avec le verbe, le prétendant, se mettant sans arrêt entre elle et lui.
    
    Au lieu de ça, il écoutait, jour après jour, l’air béat et muet, le discours, entièrement construit pour la séduire elle, sans voir le diable approcher.
    
    Bien sûr, l’élue, « la promise », l’ambitieuse, « la future », c’était elle.
    
    Bien sûr, elle s’était toujours mise en avant et l’avait toujours gardé, bien à l’abri, dans son ombre.
    
    Bien sûr, celle qui devait récolter les fruits de leurs travaux, c’était, une fois de plus, elle.
    
    Mais, si cette situation lui pesait, s’il avait, lui aussi, quelques ambitions, pourquoi s’être contenté d’un strapontin ?
    
    Pourquoi ne pas l’avoir un peu bousculée, comme l’autre avait su si bien le faire ?
    
    Pourquoi ne pas avoir sorti la tête de l’eau et demandé sa part de reconnaissance et d’honneur.
    
    Elle se dit que, tout de même, le président de la Région était venu, en personne, le chercher.
    
    Elle se dit que, depuis ...
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