Poils - Histoires de Sexe

Poils

... vite, c’est moi, je suis en bas de chez toi.
— Mais…
— Ouvre, je suis gelée.

Que peut-elle bien faire ici, à cette heure, sans m’avoir prévenu ? Quelques secondes plus tard, elle débarque chez moi comme une tornade, avec armes et bagages. Une valise, un sac à dos, des godasses de randonnée aux pieds. Une grosse doudoune, un jean, tous deux trempés.

Elle se jette dans mes bras en hurlant :BASTIEN ! Serrés l’un contre l’autre, nous effectuons une chorégraphie digne de grizzlys shootés à la téquila.

Son sourire est toujours aussi rayonnant, son regard lumineux, et toujours presque aussi grande que moi. Un mètre soixante-dix-sept, la belette. Après ces effusions, je lui propose de se mettre à l’aise, et me rends compte que son pull dégouline autant que le reste, et qu’elle claque des dents.

— Va prendre une douche, il y a un peignoir accroché à la patère, tu le mets et pendant ce temps je prépare un chocolat chaud ?
— Tu es un chou !

Je l’entends chantonner et marmonner dans la salle d’eau, et me demande ce qui peut bien l’amener ici, à cette époque de l’année, et surtout en catastrophe.

Elle ressort, vêtue de mon peignoir, la capuche rabattue sur son front, malgré sa haute taille, le vêtement traîne par terre, elle ressemble à un moine sexy. Elle sourit, ne boudant point son plaisir de me retrouver tout en savourant son chocolat.

— Pâtes à la carbonara, ça te va ?
— Je meurs de faim, j’espère que tu en as fait pour un régiment.
— Tu m’as manqué, ma ...

... belle.
— Toi aussi, mon grand.

C’est en nous marrant comme des idiots que nous dévorons notre pitance. Nous papotons comme si nous venions de nous quitter la veille.

— Bien, allez, que t’arrive-t-il encore, raconte tout à papy, dis-je en chuchotant comme un ancien président de la République. Tu n’as pas traversé la France pour un plat de pâtes.

Elle se tortille, gênée.

— Je crois que j’ai fait une bêtise. Il n’y a que toi pour me sortir de là.

Qu’a-t-elle encore pu inventer comme connerie, ça doit être gratiné pour la mettre dans cet état.

— Ben, as-tu entendu parler de « Miss Vendanges Tardives ».
— Oui, vaguement, je sais juste que ça va se passer ici…

Je la regarde, intrigué… Non… elle ne va quand même pas participer à ce truc.

— Je me suis inscrite, j’ai été sélectionnée, je suis de la région.
— Félicitations, mais je ne vois pas ce que je peux faire pour toi, à part défiler à ta place ?

Indifférente à mon trait d’humour, elle continue ses explications confuses.

— Ils m’ont envoyé tout un tas de documents, de contrats à signer, mes mensurations, j’ai droit à une suite dans un hôtel, le défilé se déroulera dans une grande salle de spectacle juste à côté… on nous donnera des robes de soirée, mais on doit défiler aussi… en maillot de bain.

Là, à l’évocation du maillot de bain, je la vois hésiter.

— Le mieux c’est que je te montre, mais surtout, jure-moi de ne pas rire, de ne pas te moquer.
— D’accord, je le jure, dis-je de plus en plus ...