1. L'inconnu du Fort Saint Jean


    Datte: 18/10/2024, Catégories: Entre-nous, Hétéro Auteur: Secret-Lady, Source: Hds

    ... deviné sa poigne, son corps sec, ses gestes sûrs et précis. Je me laisse porter, et c'est inhabituel. Tout ici me met dans un état de béatitude, de flottement... Nous roulons peu, il s'arrête face à la mer, un de ces lieux "entre-deux", parking, chantier naval, pêcherie, du bordel blanchi par le soleil et le sable, je ne suis pas surprise, ça lui va bien. Me prenant la main, il m'entraîne vers quelques mètres carrés de sable, cachés entre les rochers. Et je suis ivre de ses lèvres qui me dévorent tout le corps, il m'écrase sans être lourd, directif sans chercher à dominer, un homme avec qui je savais que je me laisserais faire, prendre, bouffer, baiser... Il jouit assez vite, râle extatique comme une délivrance crachée à mon oreille. Puis,vif, bondit sur ses pieds, me relève souplement en riant, " C'était un bon échauffement, je sens qu'on va s'amuser tous les deux, où est ton hôtel, ma belle?"
    
    Il a éclaté de rire en découvrant ma chambre, béton, lumière blanche, trait de maçon pour accentuer le brutalisme, " C'est en travaux ou quoi?"... Effectivement, après la chaleur saturée de vie de la petite maison de l'Estaque, mes goûts de bobo paraissaient bien superficiels, ses remarques spontanées et sans aucune méchanceté étaient drôles, et s'il m'avait dit qu'au ...
    ... matin nous prenions le large pour Tanger ou Tunis, je le suivais...
    
    Le lit blanc sur ses très hauts pieds métalliques évoquait une chambre d'hôpital, mais sa hauteur était parfaite pour les jeux du plaisir. Il faisait déjà jour et je n'étais pas repue de lui, de son corps et de ces gestes nerveux, de son naturel qui me faisait me trouver finalement compliquée... Je savourais la parenthèse en me disant que, mine de rien, ces quelques heures allaient changer ma vie. Il se faufilait partout, et pas seulement dans mes orifices qui lui étaient totalement ouverts, tant il avait l'art de les préparer goulûment à accueillir ses assauts de coureur de fond.
    
    J'étais remplie de lui et d'un sentiment de liberté. Je savais bien que plus jamais je ne le reverrais, mais qu'il ne disparaitrait pas. Car, au-delà de sa magistrale performance à me faire surfer sur le bonheur, sans le savoir, Kassim du fort Saint Jean avait brisé les chaînes que je me forgeais moi même, il m'avait révélée, et plus rien ne se serait comme "avant"...
    
    Il partit comme il m'était apparu, souriant et naturel, m'épargnant de vaines promesses. Dans quelques heures, j'affronterais avec calme, en débarquant à la gare de Lyon, l'amant trop tourmenté.
    
    Puis je prendrai le large... Pour " l'autre côté"... 
«123»