1. L'inconnu du Fort Saint Jean


    Datte: 18/10/2024, Catégories: Entre-nous, Hétéro Auteur: Secret-Lady, Source: Hds

    L'hôtel signé d'un célèbre designer, austère béton ciré réchauffé de masques de carnaval, nous avait immédiatement séduits, mais, même y faire des photos du reflet de nos chairs enlacées, dans le miroir au dessus du lit, n'avait pas suffi à éviter la tempête. Ton corps en vrac réclamait du repos, et pourtant tu ne voulais pas perdre 1 seconde de ma peau. Seulement, voilà, Marseille m'envoûtait, et je n'avais pas fugué pour jouer à l'infirmière. Aussi, à mon retour d'une flânerie-boutiques dans le quartier, j'avais trouvé la chambre désertée, ma valise gisait solitaire, aucun mot sur le chevet. Je savais qu'il ne te faudrait pas longtemps pour que tu reviennes pleurnicher sur mon répondeur, et, dans quelques jours, tu m'attendrais en larmes à la gare de Lyon. Mais, vois tu, la cité phocéenne m'interdisait d'avancer la date de mon billet de retour: je découvrais, fascinée, les ruelles où le vent du large m'aspirait vers le port, et j'arpentais les quais, glissant du Pharo jusqu'au fort Saint Jean, rêvant de céder à l'appel du large, de lever l'ancre, d'embarquer pour les terres chaudes, en face, de l'autre côté...
    
    J'aime particulièrement cette promenade qui enserre le bas des murailles du fort. Dès notre arrivée, tu m'y avais emmenée, et là, enveloppée de cet air chaud et salé, je me suis sentie à nouveau incroyablement vivante. Comme à ton habitude, tu n'avais pas coupé la sonnerie tonitruante de ton mobile et répondais bruyamment, sans te soucier de quiconque. Quand tu ...
    ... fais ça, je ne veux plus te connaitre. J'avais accéléré mon pas, mettant de la distance entre nous. C'est la mer que tu m'empêchais d'entendre, et surtout les éclats de voix joyeuses de ces hommes fumant ou pêchant en groupe le long des rochers. Ces hommes expansifs, dans cette langue rêche, ces hommes "de l'autre côté"...
    
    Mes cheveux au vent, légère dans ma robe fluide, mon corps exprimait mon bonheur simple d'être là. J'ai croisé son regard, et il m'a souri "Très jolie!", j'ai souri en réponse et maintenu le lien de nos yeux, sans modifier ma démarche, jusqu'à le dépasser. Un instant, juste un instant, qui gonfle coeur et âme d'un plaisir pur...
    
    Je me rendais donc à l'évidence que je le recherchais, cet homme à la peau dorée, que mon court souvenir précisait, ce gaillard du sud, tunisien, marocain ou algérien, grande gueule et sans doute bruyant passionné de l'OM, roulant musique à fond sur la corniche... Alors, je trainais sur le vieux port, écouter la derbouka sous l'Ombrière, en buvant du thé à la menthe... Mon retour à Paris approchait, je ne profitais plus de l'hôtel design, déambulant tard dans la nuit chaude.
    
    Puis m'endormant dans ma chambre-cellule, calmant mon manque, de mes doigts.
    
    La soirée est particulièrement douce et les flâneurs sont nombreux à profiter de la belle lumière orangée. Des amoureux et des familles, et ces groupes d'hommes parlant à grands gestes passionnés... Le vent n'autorise pas la lecture de la revue que je trimballe sans conviction. ...
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