Dans l'enfer de la bibliothèque - Histoires de Sexe

Dans l'enfer de la bibliothèque

... d’autre dans cette salle, mais je me souviens de quelques livres qui sont dans la réserve. Ils n’ont pas les mêmes qualités puisque je ne les ai pas retenus, et je ne dois pas les prêter.
— Permettez-moi de vous dire que vous êtes d’une compétence rare, mademoiselle. Vous connaissez ce fonds comme personne et il me semble que vous comprenez parfaitement ce que je recherche. Et si vous faisiez une exception et me trouviez dans votre réserve un livre même médiocre, mais dans la lignée de ceux que je viens de lire grâce à vous, je vous en serai très reconnaissant.
— Je ne sais pas si je dois, rougit à nouveau Odile, sans regarder le professeur qui la mangeait des yeux. Pendant que vous choisissez des livres, je vais aller faire un tour dans la réserve et voir ce que je peux trouver, mais je ne vous promets rien. Si vous saviez le capharnaüm que c’est, cette réserve.

Quand le professeur se présenta avec sa pile de livres, Odile l’attendait avec un volume qu’elle avait caché sous une pile de papier.

— J’ai peut-être une lecture pour vous, dit-elle en parlant très doucement. Seulement, je ne voudrais pas que tout le monde sache que je prête facilement des livres de la réserve, n’est-ce pas. Je vous demande d’être discret. Et je vous préviens que c’est très mauvais, décousu, sans style. Néanmoins, il y a là quelques idées originales. À vous de voir.

Et elle lui tendit un livre noir, pas très épais, qu’il enfouit aussitôt dans son cartable avant de la remercier et de filer ...

... vers la sortie. Odile avait le cœur qui battait très fort. Elle comprenait qu’elle était en train de s’engager dans quelque chose qu’elle ne parvenait pas à cerner, même si elle attendait cela depuis longtemps.

Le livre qu’elle avait sorti de la réserve, elle l’avait lu avec cette même émotion, un trouble qui lui faisait perdre la respiration. Dès qu’elle l’eût fini, elle l’avait aussitôt enterré au plus profond de la réserve pour ne pas avoir la tentation de le reprendre, et voilà qu’elle l’offrait à un homme dont elle ne savait rien, en infraction avec toutes les règles de son métier, mais cet homme plus âgé qu’elle, avec ce regard si doux et ce goût pour ces scènes, excitait son imagination à un point qu’elle ne se rappelait pas avoir déjà connu.

Ce livre, dont le titre était : « Ma meilleure amie », racontait l’histoire d’une dame des années folles, Justine, qui rencontrait dans une station balnéaire normande une autre dame, belle et superbement vêtue, Juliette. Après de longues discussions frivoles et profondément ennuyeuses, les deux femmes deviennent amies intimes et Juliette finit par avouer à son amie qu’elle obéit en tout à son mari et que celui-ci voudrait beaucoup rencontrer cette amie dont sa femme lui a parlé. Justine n’a aucune idée de ce que veut dire « obéir en tout », elle est naïve, et même, il faut le dire, un peu stupide. Elle est reçue chez Juliette et son mari qui est bel homme avec une voix grave qui impressionne la visiteuse. Dans la nuit, elle ...