1. Tout se joue le 18 juin.


    Datte: 13/09/2024, Catégories: Humour aventure, Auteur: Amateur de Blues, Source: Revebebe

    17 juin.
    
    Je suis à Londres parce que je ne peux pas faire autrement. Le printemps est pluvieux, je suis seul et la bataille juridique que je mène est en passe d’être perdue.
    
    Quelque part en France, je ne sais même pas où, ma femme se laisse sauter par un crétin dont la seule qualité doit être son endurance au lit. J’ai appelé Adeline pour lui dire que c’était dur sans elle et que je comptais rentrer dès que possible, des banalités qu’on dit à sa femme quand on en est séparé et elle m’a ri au nez.
    
    — Mon pauvre chéri, a-t-elle dit, ne rentre pas, ce n’est pas la peine, il n’y aura personne à la maison. Tu te rappelles le jeune informaticien que nous avons embauché en décembre ? C’est un bien meilleur amant que toi, tu sais. J’ai un juriste qui travaille pour séparer nos parts dans l’entreprise ; en attendant, avec Marco, nous prenons des vacances. Ciao, Antoine et sans rancune !
    
    Dire que cela n’allait pas très bien entre nous depuis quelques temps est un euphémisme, mais je croyais que c’est le travail qui nous empêchait de nous retrouver, ce genre de fadaises. Je crois qu’elle a été amoureuse de moi à un moment donné, mais je n’en suis plus très sûr. Jeune, je faisais illusion, un mec cool, plein d’idées et d’esprit d’entreprise, un qui ira loin.
    
    Je n’ai pas été très loin et si je perds cet arbitrage avec les Anglais, je n’irai nulle part. Alors je passe mes journées dans des bureaux tous plus luxueux les uns que les autres, je me ruine en taxis et je ...
    ... rencontre des gens qui ne me laissent aucun espoir. Je mange mal, je bois trop et je ne dors pas. Je crois que l’expression habituelle est : au bout du rouleau.
    
    Aujourd’hui, je n’ai pas de rendez-vous. Tout est en stand-by. J’aimerais sortir prendre l’air, mais il pleut. Je cours jusqu’au kiosque, achète le Figaro et m’engouffre dans le pub le plus proche.
    
    Oui, je sais, le Figaro, c’est une punition de lire ce journal, mais je n’en trouve pas d’autre dans ce maudit quartier. Je m’installe dans un box en fond de salle avec une Guinness, probablement la première d’une longue série, à moins d’un tremblement de terre…
    
    Que se passe-t-il en France ? Ah, le « dix-sept juin », dans le journal des Français fiers de la France, on parle évidemment du général de Gaulle et de l’appel de 1940 depuis Londres. L’article doit être le même d’une année sur l’autre. Le texte de l’appel est évidemment entièrement reproduit, pas si long que ça, d’ailleurs. Je le parcours des yeux, je ne l’avais jamais fait. Qui s’intéresse encore à ces histoires, à part les enfants dans les écoles ?
    
    Mais en lisant, quelque chose se passe. Je suis à Londres, moi aussi et je viens de subir une défaite en France. J’ai été trahi. Nous aurions pu résister. Avec un peu d’amour, de la tendresse, je ne sais pas, j’aurais pu changer, arrêter un peu avec l’alcool. Mais Adeline a pactisé tout de suite avec l’ennemi, comme si elle n’attendait que mon départ pour Londres pour s’offrir à un type, qui a vingt ans de moins ...
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