1. Schizophrénie


    Datte: 18/07/2019, Catégories: nonéro, sf, Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe

    ... minérale.
    
    Soudain, il dérapa sur le carrelage glissant ; ses pieds décolèrent, faisant effectuer à son corps une figure gymnique qui aurait certainement impressionné le jury d’une compétition internationale. L’audacieux salto se termina par un contact brutal avec le béton, suivi de près par l’atterrissage de la lourde bombonne sur son torse. Un ciel étoilé et rougeoyant remplit aussitôt son champ de vision, tandis qu’il tentait en vain de recouvrer sa respiration. Il sombra rapidement dans l’inconscience.
    
    Ce fut la pulsation de douleur dans son cou qui le réveilla. Il était allongé sur un brancard, la tête immobilisée par une minerve. À quelques pas de là, une infirmière entre deux âges notait quelque chose sur un bloc. Voyant qu’il sortait de son inconscience, elle lui adressa un sourire rassurant :
    
    — Eh bien, monsieur Pichon, on dirait que votre ange gardien veillait sur vous, aujourd’hui !
    — Que… que s’est-il passé ? la questionna-t-il d’une voix faible.
    — Vous avez bien failli vous fracasser le crâne.
    — Je ne me rappelle de rien…
    — C’est un vrai miracle que vous vous en sortiez indemne ! lui déclara-t-elle, avec un petit signe de croix discret.
    — Je suppose que c’était mon jour de chance, alors ! répondit-il, avec une ironie amère.
    
    Et si ce coup sur la tête lui avait remis les idées en places ? Pichon tâta son visage, tripota ses cheveux… Non, rien n’avait changé ! Son hallucination morpho-psychologique était toujours bien là, aussi collante qu’un vieux ...
    ... chewing-gum sous une godasse ! Avec un soupir de pneu qui se dégonfle, Pichon demanda à consulter en urgence un psychiatre.
    
    L’infirmière, inquiète de l’atonie soudaine de cet étrange patient, partit alors en courant chercher la cavalerie. Elle revint quelques minutes après, suivie d’un type ventripotent habillé en tennisman. Son souffle court et les larges auréoles qui agrémentaient les aisselles de son polo Lacoste indiquaient qu’il avait dû trottiner sur les cents derniers mètres.
    
    — Quel homme admirable, il a couru pour être plus vite auprès de moi ! pensa Pichon, empli de gratitude.
    
    Le tennisman obèse avança une chaise près de la civière, s’installant au chevet de son patient avec la circonspection d’un curé venu administrer les derniers sacrements à un agnostique en plein repentir. Il se présenta comme étant l’aliéniste de garde.
    
    — Je vous écoute, mon brave. Que vous arrive-t-il donc de si soucieux que l’on vienne m’interrompre en plein match ?
    — J’ai perdu la tête ! s’écria Pichon.
    — Guère original en ces lieux, répliqua le tennisman.
    
    Se tournant vers l’infirmière, il s’exclama d’un air accusateur :
    
    — Et c’est pour ça qu’on me dérange ?
    
    Celle-ci fit mine de se perdre dans la contemplation de ses chaussures.
    
    — Non, attendez, je vous explique ! C’est ma tête de tous les jours que j’ai perdue… Celle-ci appartient à quelqu’un d’autre ! tenta Pichon, dans un effort méritoire pour éveiller l’attention du médecin.
    
    En entendant ces propos sans queue ...
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