Schizophrénie
Datte: 18/07/2019,
Catégories:
nonéro,
sf,
Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe
Résumé de l’épisode 1 :
La vie tranquille de Francis Pichon, comptable anonyme dans une grande société de distribution alimentaire, vient de prendre un tournant très étrange : il s’est réveillé un matin avec une autre tête et une autre voix que la sienne ! Cette brutale et inexplicable hallucination lui donne l’impression d’être devenu le sosie de l’acteur Pierre Richard. Affolé par ce qui lui arrive, Pichon se rue aux urgences de l’hôpital Sainte-Anne…
La salle d’attente du service des urgences psychiatriques était une petite pièce étonnamment chaleureuse et gaie, agrémentée de hautes fenêtres. Celles-ci donnaient sur un grand parc aux allées de troènes entretenues avec une rigueur quasi militaire. Les chaises, bien rembourrées, s’alignaient tout autour de la pièce ; presque toutes étaient occupées.
Pichon trompait son ennui en observant ces personnes qui attendaient, comme lui, d’être métamorphosées en « patients ». Pas très loin, il y avait un couple âgé, accompagné d’un solide gaillard, certainement leur fils. Le vieux monsieur regardait dans le vide, totalement absent, tandis que sa femme essuyait avec une discrétion dévouée, et un petit mouchoir aux motifs fleuris, le filet de bave pendant à la commissure de ses lèvres.
— Monsieur Pichon ? Le docteur va bientôt vous recevoir…
Il grimaça un sourire à la secrétaire médicale, tout en massant son cou endolori. Avant que l’élite de la psychiatrie française ne se penche sur son cas, Pichon décida d’aller se ...
... rafraîchir. Il se leva sans attendre et mit le cap d’un pas martial sur la fontaine à eau dans le couloir.
Prenant une timbale qu’il déposa à l’emplacement idoine, il enclencha le mécanisme d’une pression virile, le relâchant juste avant que le gobelet de plastique ne soit plein.
Cependant, l’écoulement de la fontaine ne s’arrêta pas pour autant… Le jet glacé, qui continuait de jaillir, fit rapidement déborder le récipient puis se répandit en une joyeuse cascade jusque sur ses chaussures.
— Bon dieu ! C’est bloqué ! constata-t-il, prosaïquement, en essayant de stopper sans succès le déversement incongru.
Les vingt-cinq litres de la bonbonne allaient y passer ! Francis Pichon prit alors une initiative, plutôt malheureuse, pour essayer d’interrompre l’écoulement intempestif : il voulut extraire le gros réservoir translucide, le ceinturant vaillamment et tirant d’un coup sec vers le haut. Rien à faire.
— La vache, il résiste bien ! pensa-t-il en rassemblant alors toutes ses forces pour une seconde tentative.
Cette fois, il arracha l’énorme bombonne de son socle, avec un ahanement de bûcheron. L’enchaînement précis des évènements qui suivirent échappa à sa mémoire, mais voici ce qu’il advint : il y eut un craquement sinistre au niveau de sa nuque, accompagné d’une douleur fulgurante. La bombonne lui glissa des mains, coinçant on ne sait comment son goulot dans la ceinture du malheureux Pichon qui, tétanisé, reçut sur ses guibolles chancelantes un flot d’eau ...