A voté ! - Histoires de Sexe

A voté !

... sa croupe, ses reins, son dos, son épaule, elle semblait ravie de cette issue aussi chaotique que catastrophique, savourant mes baisers et le goût du danger qu’il y avait à se prélasser nue sous les décombres. Autour de nous, à travers les débris de bois et les lambeaux de tissu, le vacarme des cris nous signalait que régnait au contraire la plus pure panique. Elle me regarda, rit de bon cœur de toutes ses jolies dents, posa un dernier baiser sur mes lèvres, et se résolut enfin à chercher calmement, avec un soin d’archéologue, les vestiges de sa tenue.

L’arrivée des secours improvisés fut si brouillonne et si tardive qu’au moment d’émerger de l’amas de débris, nous n’étions certes pas tout à fait décents, mais suffisamment pour que nos affronts à l’étiquette et à la pudeur puissent sans trop d’effort être attribuables à l’accident. De toute façon, personne ne nous prêtait tant d’attention. Les secouristes relevaient notre voisin un peu étourdi sous les reproches de sa mégère en colère, ils s’affairaient bien davantage encore autour de la secrétaire de Mairie et présidente de bureau en pleine crise d’hystérie. On réclamait un médecin, mais il était absent, bien trop occupé à admirer le profil de cette jolie femme assise sur ce tas de bois brisé, contemplant la scène avec un sourire énigmatique. Son sourire se figea pourtant, et elle prononça cette étrange parole :

— Au secours, la droite revient !

Je l’interrogeai du regard, et elle compléta l’information.

— Mon ...

... mari.
— Il est si sévère ?
— Pas du tout, il est même charmant.

J’aperçus un bel homme élégant parlementant avec les policiers qui évacuaient la salle. Il ne ressemblait en rien au portrait-robot, avec son allure de gendre idéal, le casting parfait pour une pub où le banquier sympa serre la main du couple venu conclure un contrat de crédit immobilier à taux d’usure. Agathe s’aperçut de ma surprise et m’adressa une petite grimace cocasse en haussant les épaules.

Enfin les pandores laissèrent passer le légitime, et il se précipita à notre rencontre.

— Que s’est-il passé ? me demanda l’époux inquiet.
— Tout juste un fâcheux accident électoral sans gravité.
— J’ai craint l’attentat.
— À part la pudeur, il n’a meurtri personne, lui dis-je, en planquant prestement dans ma poche la délicieuse petite culotte que sa propriétaire n’avait pas eu le temps de ranger à la place que la morale lui désigne.
— Ça va, ma chérie ? Tu te remets du choc ?
— J’en suis encore bouleversée. Tu sais comment je suis déjà émotive en cas de scrutin. Heureusement que Monsieur a été si aimable. Il est docteur.
— Comment vous exprimer ma gratitude pour vos bons soins ?
— C’est bien peu de choses. Je me suis simplement comporté comme vous l’auriez volontiers fait vous-même.
— Allons allons, ne soyez pas si modeste… C’est si rare, aujourd’hui, de trouver de dignes citoyens qui n’hésitent pas à courageusement payer de leur personne, au mépris du danger.
— Oh, vous savez, pas tant que ça, nous ...