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    Datte: 02/09/2024, Catégories: fh, extracon, inconnu, bizarre, Oral pénétratio, jeu, portrait, Humour Auteur: Amarcord, Source: Revebebe

    C’est pas de tout repos, la vie de médecin urgentiste. Je m’en suis convaincu à la lecture du reportage hyperréaliste récemment publié par le plus éminent de mes confrères sur un site dont le contenu est volontiers plus frivole.
    
    J’exerce pour ma part la médecine en tant que généraliste en milieu rural. Mes interventions sont souvent moins spectaculaires que celles décrites dans ce témoignage si fidèle à la réalité. Le travail d’un médecin de campagne est peut-être plus routinier mais pas moins rude. On appelle ici plus volontiers le vétérinaire que le toubib, et quand on s’y résout enfin, il est parfois trop tard. Et puis il y a la charge : jusqu’au 1 500e patient, ça se passait plutôt bien, je parvenais à gérer, et mon banquier était ravi. Il l’est plus que jamais, mais depuis qu’un de mes confrères a pris sa retraite, nous ne sommes plus que deux pour soigner 4 500 âmes, réparties sur un territoire magnifique mais très étendu. C’est bien trop, mais comment refuser d’ouvrir votre porte à un patient en détresse ?
    
    Et si seulement il ne s’agissait que de pratiquer la médecine ! Nous cumulons bien involontairement ce rôle avec ceux d’assistant social, de conseiller conjugal, de médiateur avec l’administration, d’homme de compagnie, pour ne pas dire homme à tout faire. On vous en sait gré, on vous remercie, même si on vous dissimule probablement le reproche latent de prendre de temps en temps des vacances. Je me suis pourtant fait à cette vie, et avec d’autant plus de ...
    ... philosophie et de soulagement que j’ai voici longtemps réussi à attirer en renfort mon ami Stéphane, avec qui j’ai frotté les bancs de la Faculté de médecine. Nous partageons presque tout : la clientèle et l’éreintante charge des lointaines visites à domicile, les parties de pêche à la mouche, les soirées de cafard qui se terminent en rigolade, les indignations.
    
    Les seules pudeurs qui résistent sont celles qui concernent nos éventuelles bonnes fortunes sentimentales ou sexuelles du moment, depuis que, toujours remarquablement synchronisés, nous sommes devenus des néo-célibataires. C’est risqué d’être constamment sur la brèche, jamais à la maison. Sa femme est partie avec le pharmacien, la mienne s’est contentée de tailler la route avec nos économies. Ce ne fut cruel que pour mon pouvoir d’achat, et encore, temporairement. Pour lui, la blessure d’amour-propre reste toujours vive. Il en conserve, tout comme les urgentistes interrogés par mon brillant confrère, une forme d’amertume. Stéphane reproche à tous les politiques, sans exception, d’avoir abandonné à son sort notre corporation rurale et ruiné son ménage. Avec bien entendu la complicité de l’industrie pharmaceutique si prospère…
    
    La politique, nous sommes particulièrement bien placés pour mesurer les mouvements qu’elle suscite dans la population. IPSOS serait bien inspiré de nous confier le soin d’alimenter son thermomètre de l’opinion : le nôtre est planté au quotidien dans des endroits pas toujours très ragoûtants qui ...
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