Le balcon de Valentine - Histoires de Sexe

Le balcon de Valentine

... pas un tant soit peu, il n’aura plus d’intérêt pour vous. Oh, bien sûr, vous ne pourrez pas vous empêcher de me regarder, en bon mâle qui se respecte, mais sans piment, qu’il soit poivre ou sel, la soupe sera fade.
— C’est exact en effet. Vous êtes très perspicace.
— Je suis moi-même un peu voyeuse… Comme certainement beaucoup de gens. Donc rassurez-vous, notre petit accord m’apportera une certaine excitation. Peut-être même beaucoup de plaisir. Tout dépendra de vous, Monsieur A.

Il s’excuse et s’éloigne, non sans préciser qu’il revenait aussitôt. Il n’aurait plus manqué qu’il me plante là, en annonçant que mon idée l’écœurait. J’aurais eu l’air fin.

Il fume un petit cigare à l’odeur forte, mais ne laissant aucun doute sur la qualité du tabac. Encore un ami pourvoyeur de bienfaits certainement.

— Je vous écoute, Juliette.

Monsieur A pourra venir sur son balcon quand il le désirera. Si j’y suis, il ne sera pas tenu de s’annoncer, et ce, que je remarque sa présence ou pas. Il pourra me regarder autant qu’il le souhaite, sans se sentir envahissant ou mal à l’aise.

— Vous aurez le choix entre m’épier en cachette, ou afficher clairement votre désir de profiter de la vue. La vue étant ma personne bien sûr. Notre petit jeu reste valable à l’extérieur. J’ai été surprise de tant de verdure alentour, et je pense passer du temps dehors. Je suppose que vous aimez vous promener dans ces bosquets qui cernent votre domicile ? Donc si nous nous croisons au-dehors, vous ...

... pourrez agir comme bon vous semble. M’épier ou simplement me regarder.
— Et ce jeu vous plairait vraiment, Juliette ?

Tant qu’à être sincère, je tiens à l’être jusqu’au bout et prendre le temps de bien poser les choses. Je l’invite donc à m’offrir un autre café, et à franchir le muret pour me rejoindre sur mon balcon. Finalement, Monsieur A m’a demandé de patienter un petit quart d’heure, puis a préféré passer par le palier. Une fois seule, la pensée qu’il n’a pas l’air vraiment pressé d’en savoir plus m’effleure. Ne serais-je pas en train de me rendre ridicule ? Peut-être qu’à l’âge de Monsieur A, le genre de jeu que je lui propose n’est plus vraiment palpitant ? Peut-être qu’il s’est un peu vanté, désirant démontrer que sa libido n’était pas tout à fait moribonde ? Je n’ose imaginer qu’il ne souhaitait pas me décevoir, en faisant machine arrière. Ce qui serait déroutant pour un marin aventureux. Pourtant, je dois finir ce que j’ai commencé.

Allongée sur le bain de soleil de Valentine, je regarde Monsieur A occupé à étaler sa confiture maison, sur une large tartine de pain grillé. La confection de confitures étant l’un de ses hobbies. Drôle de loisir, pour un ancien aventurier des mers. Ce matin, ce sera de la confiture de mûres.

— Tenez, Juliette !

La confiture est délicieuse. Reste cette sensation d’être un peu ridicule. Je patiente afin de savoir, si mon voisin tient réellement à en savoir plus sur mon idée. Ne serais-je pas dans la situation narrée par ce cher ...