Le balcon de Valentine - Histoires de Sexe

Le balcon de Valentine

... monsieur de la Fontaine ? Telle est prise qui croyait prendre. En croquant une nouvelle fois dans la tartine, je me rends subitement compte que je montre une certaine impatience à obtenir des résultats. Cette idée me rend un peu nerveuse. J’en suis à attendre la preuve que ce charmant vieillard accepte de devenir mon voyeur attitré.

— La confiture, ça dégouline, ça passe par les trous d’la tartine…

À demi allongée, une jambe relevée, ma jambe droite, restée sur le bois du bain de soleil, est maculée de mûres. Je bouge pour réparer les dégâts sur ma cuisse, quand mon peignoir s’ouvre sous mon mouvement. Ma jambe gauche est entièrement découverte. La fausse soie a glissé lentement sur ma peau, l’un des pans du vêtement tombant pile sur mon aine. L’idée que la chose aurait pu se passer autrement m’effleure. L’incident aurait pu me laisser à deux doigts d’offrir mon intimité à mon voisin. Cela dit, sans jeu de mots. Sans plus bouger, je tends la main et mon index débarrasse ma peau de la confiture.

— C’est tout bêtement pour ça que je m’abstiens de confiture. C’est toujours la même chose. J’en colle partout… La vôtre est succulente.

Cela dit en enfournant mon doigt dans ma bouche. Monsieur A n’a rien raté de la mésaventure et fixe l’intérieur de ma cuisse nue.

— Ne le prenez surtout pas mal, Juliette… J’avoue ne pas savoir comment réagir face à ce genre de situation.

Sean Connery me fixe avec un regard dépité.

— Pour être honnête… J’en suis à être un peu ...

... gêné.

Tout en riant, je pose le reste de la tartine sur la petite table d’appoint. Il me faut essuyer mes doigts barbouillés de mûres.

— Je ne le suis pas moi. Vos doutes ne m’étonnent pas, rassurez-vous. D’où la nécessité de mettre certaines choses au point.

J’ai longuement expliqué à ce bon Monsieur A ce que je connaissais des rapports entre les protagonistes d’une exhibition. Pour commencer, je racontais à mon voisin attentif, mes quelques expériences vécues en compagnie de mon ex-mari. Sans me déclarer spécialiste ou exhibitionniste chevronnée, je pouvais toutefois me baser sur ce que je connaissais. Chaque fois, celui qui endossait le rôle du voyeur était de loin le moins à l’aise. Tout au moins au début. Ensuite, les choses pouvaient changer. Et dans notre cas, la situation était délicate.

— D’abord, nous nous connaissons un peu, et le courant passe très bien entre nous. Ensuite, je ne vous considère pas comme un voyeur. C’est vous seul qui vous considérez comme tel. Ce qui devrait vous rassurer quelque peu, non ? Si je suis encline à vous laisser le champ libre, c’est uniquement parce que je ne décèle rien de malsain dans votre comportement. J’avoue que c’est une situation très inhabituelle pour moi. J’ajouterais que je n’éprouverais aucun plaisir, à vous laisser les coudées franches, si vous-même n’en avez pas vraiment envie.

Cette fois, je suis prudente, et lèche l’extrémité de ma tartine pour enlever un peu de mûres, avant de croquer dans le pain ...