1. Leurre de gloire


    Datte: 14/08/2024, Catégories: Humour Auteur: Lottie, Source: Revebebe

    ... qu’importe l’argent quand on avait l’ivresse. De toute façon, il n’avait pas encore décidé de la suite de sa vie et l’intermède qui s’offrait à lui le tentait vraiment.
    
    — Rien ne me presse, répondit-il. Et puis j’ai prêté le serment d’Hippocrate et ne puis laisser personne en souffrance. Je prendrai le temps qu’il faudra pour soulager vos concitoyens. Menez-moi au cabinet de mon confrère.
    
    Les figures des deux autres interlocuteurs s’ornèrent d’un large sourire et l’élu s’empressa de servir de guide. Jules pénétra dans l’antre de son « confrère » avec délectation. Après ouverture des volets, il put voir un bureau très cossu avec une bibliothèque largement pourvue en ouvrages scientifiques. Il se dit que leur lecture serait parfaite pour entrer dans son rôle.
    
    — Vous pourrez dormir, ce soir, dans une chambre à l’étage. Je vais prévenir Germaine pour qu’elle la prépare et vous fasse aussi vos repas.
    — Vous êtes l’organisation personnifiée, Monsieur le Maire.
    — Je me débrouille, répondit ce dernier en rosissant de plaisir au compliment.
    — Bien, laissez-moi, maintenant, je désire me reposer et méditer.
    
    Il profita de sa solitude soudaine pour se précipiter sur les livres de médecine présents. Non pour devenir médecin, chose qui prendrait trop de temps, plutôt pour connaître quelques mots scientifiques qui en imposeraient à la populace.
    
    Jules aimait bien son nouveau statut. Sa faconde habituelle le faisait apprécier de sa patientèle, surtout qu’il ne faisait pas ...
    ... souvent payer ses consultations et prenait même en charge bon nombre de médicaments. La population avait gagné au change surtout que pour le moment les bons soins de Jules n’avaient tué personne… !
    
    En ce 10 mai 1940, la France fut stupéfaite d’apprendre l’attaque de l’ennemi héréditaire. Cependant, nous avions les meilleurs stratèges, le Général Gamelin l’avait prédit : Les boches allaient attaquer en traversant la Belgique et au pire, on les arrêtera sur la Somme. Ce sera reparti comme en 14. S’il n’y avait pas eu cet imbécile de Général Gudérian qui traversa les Ardennes alors que l’état-major français disait que c’était impossible, les choses se seraient bien passées. Toutefois, elles se passèrent mal, même très mal et huit jours après cette date fatidique, on vit passer les premiers réfugiés.
    
    Voyant cela, Jules, qui commençait à s’ennuyer dans ses nouvelles fonctions, décida de partir aussi. Ce fut la stupéfaction dans le village et la désolation à l’école. Il est sûr que la chair était faible et l’homme si beau, si flamboyant. De plus, dans sa jeune vie, Madeleine n’en avait connu aucun qui avait su autant la faire vibrer. Les adieux furent déchirants et, bien sûr, l’institutrice pleura comme une madeleine, évidemment… !
    
    Les routes de l’exode étaient déjà bien encombrées et la Peugeot de l’ex-pseudo-médecin suivait doucement la cadence. De toute façon, il était impossible de faire autrement, tellement la route était congestionnée. Seuls quelques convois militaires ...
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