Némésis
Datte: 16/07/2019,
Catégories:
fh,
boitenuit,
fsoumise,
fdomine,
vengeance,
jalousie,
préservati,
pénétratio,
confession,
Auteur: Aline Issiée, Source: Revebebe
... de m’adresser la parole.
Deux minutes plus tard, j’étais dans la rue, et le souffle frais de la nuit calmait ma violence. Mon cœur, cette fois-là, avait bien failli se remettre à battre. Or, je le lui interdisais. J’avais trop souffert quand mon premier amour m’avait quittée – pour une fille qui était d’ailleurs mon contraire : toujours vêtue de façon clinquante, avec un rire perçant quand elle entrait dans une pièce, et des minauderies qui semblaient promettre des gémissements exagérés lors du plaisir. Je ne voulais pas qu’un homme se permette de tomber amoureux de moi, et j’enrageais d’avoir laissé celui-là contempler mon plaisir et m’en donner autant.
Pendant deux mois après cette alerte, je ne sortis plus avec aucun homme. Mon corps fut forcé de se contenter de mes propres caresses, assorties de quelques jouets mécaniques. Ce ne fut qu’assurée d’avoir repris ma froideur habituelle que je repris le cours de mes soirées. Mais je n’avais plus le même appétit. Certes, les hommes s’approchaient de moi, comme avant. Je les rebutais durement, leur renvoyais les verres offerts, leur refusais d’entamer la moindre conversation. On aurait dit que le froid de mon cœur gagnait désormais mon propre corps. Je n’en souffrais pas. J’étais étonnée moi-même de mon insensibilité. Les plus beaux garçons pouvaient bien me sourire, paraître touchants, timides et dociles ou au contraire habiles et entreprenants : j’en avais perdu le goût.
Je commençai à espacer mes soirées, me ...
... concentrai sur mon travail de traductrice d’anglais de livres scolaires, pris l’habitude d’aller à la piscine deux à trois fois par semaine. Mon corps profitait de ces exercices ; ma libido, elle, s’engourdissait dans l’indifférence…
Un soir, pourtant, je poussai à nouveau la porte d’un de mes bars préférés, où la musique de jazz rehaussait l’atmosphère sensuelle de l’endroit. Je sentis tout de suite les regards converger vers moi, malgré la simplicité de ma mise : c’était en plein été, je portais un tee-shirt, assez ample pour dissimuler mes formes, et une jupe courte, certes, qui montrait mes jambes nues, mais rien de provoquant, pas même de talons hauts : de simples ballerines, qui, légères, me donnaient une démarche dansante.
Cela faisait si longtemps que je n’avais pas baisé que je me sentais, pour une fois, assez encline à accepter la première sollicitation venue. Pourtant, je refusai un, deux, trois verres qui m’étaient offerts, et rembarrai un sourire un peu trop entreprenant à mon goût. Allais-je une fois de plus rebuter les hommes qui m’offraient ce que je venais précisément chercher là ? Je quittai la table discrète où je m’étais installée, m’approchai du bar, m’installai sur le haut tabouret de moleskine. À côté de moi, un homme, plutôt bien bâti et grand, buvait à petites gorgées, une bière, une Jone’s Smith. Il ne m’accorda pas un regard : est-ce pour cela que, sans bien m’en rendre compte, je décidai que ce serait à lui que je dédierais ma nuit ?
La chance me ...