Rock’n’roll - Histoires de Sexe

Rock’n’roll

... comptoir, Clément est en grande conversation avec le barman, et celui-ci nous sert trois verres d’un whisky japonais. Au vu de la soirée riche en émotions que je vis, c’est plutôt bienvenu. Je trinque avec mon ami et le barman – sosie officiel de M. Propre, muscles, t-shirt et sourcils blancs inclus.

— Alors mon petit coin vous plaît ? me demande-t-il après que Clément m’a présenté comme « petit nouveau »
— Beaucoup, je ne m’attendais pas à ça.
— C’est sûr que si on écoute les reportages glauques à la TV, on croit que les lieux libertins sont tous des lupanars romains où de vieilles rombières plastiquées viennent se faire culbuter par trente-six Hongrois montés comme des mulets. Ou parfois par des Camerounais, dans la variante vanille-chocolat que j’aime bien.

Une sublime femme noire du même âge que lui, c’est-à-dire indéfinissable, passe dans son dos et lui claque les fesses en lui criant dans un accent du sud très prononcé :

— Ah ça, tu l’aimes le chocolat, hein mon amour !

On rit tous les trois tandis qu’elle s’éloigne aussi vite qu’elle est arrivée.

— Ma femme, Nadine, pointe M. Propre.

La discussion se poursuit, animée, et au détour d’une phrase je jette un œil vers la piste. Émilie et Leila dansant face à face sont désormais bien entourées par deux hommes dans leur dos, et l’ensemble bouge sensuellement au rythme d’un groove lent et percutant.

C’est assez étrange comme sensation. Je veux dire, j’ai déjà vu Émilie danser avec d’autres hommes, ...

... mais, dans ce lieu et avec cette compagnie, le cadre change complètement la donne. Elle est sublime, les mains chastes de son partenaire frôlant à peine ses flancs en rythme, la scène en miroir se déroulant également pour Leila et l’autre jeune homme.

— J’ai toujours adoré la voir danser avec un autre, me dit alors Clément, en me rejoignant à mon poste de vigie.
— C’est bizarre, mais c’est…
— Agréable, hein ? termine-t-il.

J’acquiesce en silence. Émilie lève les yeux vers moi et mon sourire, ainsi qu’un baiser de loin, déclenche sur son visage à son tour un petit rictus, mi-gêné mi-coquin. Elle se mordille la lèvre comme toujours encore, penche sa tête vers son danseur et lui dit quelque chose. Et elle vient nous rejoindre au bar, suivie de prêt par Leila.

— Alors Mesdames, on dévergonde la jeunesse de nos villes ? dit Clément un brin espiègle.

Elles rient sans mot dire, ce qui leur donne un charme fou. M. Propre revient vers nous et leur sert, sans même qu’elles n’aient à le demander, deux grands cocktails colorés, qu’elles dégustent immédiatement, assoiffées par leur demi-heure d’effort.

— Bien, maintenant que vous êtes un peu déridés tous les deux, Clément et moi on va aller se promener dans les bois, dit alors Leila avec un clin d’œil.
— Bonne balade alors, morue, répond Émilie, badine.

Leila attrape alors son mari par la main qui la suit bien volontiers, et tout d’eux se dirigent vers l’escalier, côtélibre. Émilie se tourne vers moi, nous sommes face à ...