Des jalons - Histoires de Sexe

Des jalons

... C’était la première fois que je me retrouvais en Milly avec Malika. Milly jouait la fille qui découvrait cette chambre, appâtée par une autre femme dans son hôtel. Lorsque Malika a fermé la porte derrière nous, qu’elle l’a verrouillé, qu’elle a mis les mains sur ses hanches avec un sourire incroyablement vicieux, j’ai su que notre relation avait évolué : pour le mieux !

Nous avons repris nos vies comme s’il n’y avait pas eu de révélation. J’ai réintégré mon poste derrière la caisse de mon magasin de disque, l’année scolaire allait commencer et Malika donnait de nouveaux cours universitaires. Notre sexualité continuait à nous rassasier sans obligation d’incorporer Milly dans nos jeux, nous étions déjà inventifs. Une nuit, alors que je suivais du doigt la croupe de la licorne tatouée chevauchant le corps de Malika, elle m’a toutefois demandé :

— Qu’est-ce qui te décide de te travestir ? Pourquoi te dis-tu : « Tiens ce soir, je vais m’habiller en Milly. » ?
— Bien souvent, c’était parce que j’étais seul, le soir. Un désir qui survient, une envie de jouir, de me masturber…
— Depuis que nous nous sommes rencontrés, tu… ?
— La seule fois que j’ai fait intervenir Milly depuis qu’on se connaît, toi et moi, tu en as été témoin…

Et c’était vrai. Je n’avais plus besoin de me travestir pour l’instant.

— Des fois je me dis que je devrais tout brûler, ou tout donner aux Friperies…
— Attends un peu, ou laisse-moi regarder tes vêtements avant de faire ça, a répondu Malika ...

... en riant.

Les arrivages de disques étaient nombreux ces jours-là, j’avais aussi laissé Stéphane prendre ses congés et le rythme de la vie a repris, une routine appréciée où Malika et moi nous voyions le soir et dormions soit chez elle, soit chez moi. Nous nous côtoyons déjà depuis plusieurs mois et mon amante m’a proposé de nous trouver un appartement commun.

— J’en ai vu un qui serait bien pour nous deux ! Il est au dernier étage, nous aurions chacun nos bureaux, il y a un grand salon, une terrasse à l’arrière qui nous laisse accès au toit. L’actuel propriétaire est un de mes amis, nous pourrions l’acheter à bas prix.

J’ai joué le concubin heureux de la proposition, nous avons été le visiter, il était en effet parfait pour le couple que nous devenions. Mais chez moi, à l’intérieur de moi, dans ce JE si étrange, mon esprit échafaudait une prise de recul obligatoire, mes réflexions virevoltaient en : « Oui, quelle belle idée ! » et « Non, c’est impossible ! », car j’étais un espion qui vivait une vie empruntée, qui n’était pas la sienne. Je devais infiltrer un mouvement de gauche dont Malika appréciait les actions. Elle me l’avait dit un matin, alors que nous lisions le journal :

— Ah ! Ils sont cool ces anars ! Ils sont entrés en force dans un banquet organisé par le Regroupement des Grands Employeurs et ont volé toute la nourriture, alors qu’un des PDG faisait un speech. Ils ont donné toute la bouffe au Refuge de SDF après !

Elle s’esclaffait de l’action de ...