Des jalons - Histoires de Sexe

Des jalons

... Vous avez les mêmes yeux(et les siens me vrillaient, elle m’avait reconnu).

Je n’ai pas répondu, j’avais déjà récupéré le téléphone dans la sacoche de Milly et celle-ci a appuyé sur « ON » de nouveau. Malika s’est raidie, a tenté de ne pas se faire remarquer, mais je la sentais bien remplie de sensations nouvelles, pur mélange de pudeur, d’excitation et de désinhibition. Elle a regardé Milly d’un air complice, le serveur est revenu :

— Tout va bien, madame ?
— Oui, merci, c’est sa sœur ! Vous pouvez nous… nous remettre une bouteille ?

Dans son phrasé, j’avais changé la modulation du vibro caché dans son vagin, elle a senti la différence, mais j’ai éteint. Le serveur parti, Malika, la main devant sa bouche, regardait la femme devant elle, curieuse, hésitante :

— C’est toi ? C’est bien toi ? a-t-elle chuchoté.
— Bien sûr que c’est moi : je serais un schizophrène si je disais le contraire !
— Mais alors, depuis… ?

J’ai coupé Malika dans sa tentative de comprendre, je me suis dit que tout déballer serait le plus facile et le plus honnête :

— C’est difficile à expliquer et j’espère que tu peux comprendre, c’est difficile à faire connaître. Je ne savais pas comment aborder le sujet avec toi. Je ne l’ai dit à personne encore, et peu de gens ont connaissance de… de ce…(comment dire ? Comment expliquer ? suis-je schizo finalement ? non, mais faut admettre que Milly existe) peu de gens ont connaissance de Milly, qui habite en moi…

Malika souriait, voulait ...

... poser mille questions, mais j’avais l’assurance qu’elle ne prendrait pas la mouche et que je pourrais répondre aux millions de questions, car nous resterions ensemble, malgré cette révélation de bord de fleuve.

— Je comprends mieux maintenant : ton absence de poils, tes cheveux longs, tes produits de beauté dans la salle de bain, nos jeux coquins, certaines discussions…

Le serveur revenait régulièrement, un peu trop souvent même. Les deux femmes à table ont commandé des crabes, elles ont picolé joyeusement et durant ce repas de trois heures – où j’ai fait jouer l’œuf vibrant en Malika trois ou quatre fois sans qu’elle s’y attende – j’ai dénudé cette partie de moi. J’ai raconté le slip de Marie, puis l’une de mes conquêtes qui aimait me mettre un doigt dans le cul, puis une rencontre d’amour avec une transsexuelle ; l’acceptation d’aimer la sodomie, vouloir aller plus loin, mes jeux anaux solitaires puis mon passage à l’acte ; me travestir véritablement et non seulement en cachette, mes nuits au Village gai de la Métropole :

— Tout ça, c’était avant que je ne te rencontre, Malika…

Les deux femmes à table se sont pris la main, près des coupes de vin. J’ai pressé le bouton « ON » sur mon téléphone en cachette, Malika a écrasé ma main de ses doigts, s’est serré la mâchoire, m’a fixé de ses yeux verts. Sa culotte devait être mouillée à l’écoute de mon histoire de Milly, avec cet œuf en elle que je contrôlais.

Nous avons payé nos repas et sommes partis à notre chambre. ...