Clémence, premiers émois - Histoires de Sexe

Clémence, premiers émois

... travers la porte du foyer que Colette garde ouverte.

— C’est une bonne idée d’avoir conservé ce vieux poêle à bois, lui dis-je en beurrant les tartines.
— Quand on vit loin de tout, il vaut mieux être prévoyante ! J’ai même gardé la vieille bouilloire et la cuvette, se félicite-t-elle. Nous n’aurons pas à nous rincer le minou à l’eau froide !

Toujours aussi enjouée que directe, mon hôtesse… Je la complimente pour son esprit pratique et je l’assure que je ne suis pas une obsédée de l’hygiène. S’il faut se passer de douche tant que la chaudière ne sera pas remise en route, je n’en mourrai pas.

— Moi non plus, rit-elle en nous versant le thé. Je suis plus ennuyée de n’avoir pas eu le temps hier ni ce matin de faire ma gymnastique quotidienne.
— Si c’est à cause de moi, j’en suis désolée. Vous pourrez la faire quand nous aurons fini, non ? Je retournerai dans ma chambre pour ne pas vous gêner.
— Vous ne me gêneriez pas, Chantal. Mais dans la cuisine, il n’y a pas la place, et je suis trop frileuse pour m’ébattre à poil dans la pièce du haut. Vous savez, il n’y a guère qu’ici et dans le petit salon qu’il fera bon aujourd’hui.

Je ne l’aurais pas cru frileuse, mais elle a sans doute raison. La saison n’est pas assez avancée pour que les vieux murs de sa maison se soient suffisamment réchauffés. Il ne nous reste plus qu’à papoter dans la cuisine en attendant l’arrivée du réparateur. Elle en convient volontiers.

— Je suppose que lorsque vous dites « papoter », vous ...

... pensez surtout à m’écouter continuer à raconter ma vie, me taquine-t-elle.
— Je l’avoue, oui ! Vous m’avez mis l’eau à la bouche, et pas que là, avec les anecdotes de votre souper du premier soir chez Ève. J’ai hâte de savoir la suite. En particulier, j’ai été intriguée par cette cuisinière, Clémence, que vous avez découverte de façon si intime.
— Ah oui, Clémence ! Son histoire mérite d’être connue. Je peux vous en parler longuement. Vous me laisserez tout de même le temps de nous préparer à déjeuner ?
— Pas de souci. Nous avons toute la journée !

Toute une journée à passer emmitouflées de laine. Le moment idéal pour reprendre, groupées autour du poêle, le fil des souvenirs, à défaut de déclamer des vers.

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[N.B. : Pour la cohérence des récits, j’ai réuni sous l’intitulé « Clémence » l’ensemble de ce que Colette apprit de celle-ci sur ses rapports avec leur Maîtresse commune au cours de conversations de plus en plus confiantes.]

Quand Jenny pénétra dans la chambre, le soleil était déjà haut. Elle déposa un verre de jus d’orange sur la table de nuit avant de manifester sa présence par un discret toussotement. Il lui fallut le renouveler deux ou trois fois et ouvrir les rideaux pour que la dormeuse consente à entrouvrir les paupières.

— Bonjour Madame. Madame la Gouvernante espère que vous avez bien dormi et m’envoie vous dire que le petit déjeuner est servi. Avez-vous besoin de moi pour votre toilette ?

Colette eut besoin de ...