La nuit électrique
Datte: 29/03/2024,
Catégories:
ff,
asie,
voiture,
autostop,
caresses,
Oral
69,
fdanus,
occasion,
lesbos,
Auteur: Come Sorel, Source: Revebebe
... Gide. Elles s’enflamment, débattent et rient. Elles sont d’accord sur Flaubert, Stevenson et Michaux, c’est déjà ça.
Et la musique. Et les garçons. Sur ce dernier point, elles se trouvent des points communs, elles aiment les grands bruns, méditerranéens et, elles sont amusées de ce détail, aux longs cils un peu féminins.
Bientôt, elle parle de l’amour et du désir. Mathilde qui aime la séduction, la rencontre, les jeux puis qui se lasse et qui change.
— Et toi ?
Et la conductrice qui a un peu honte d’avouer qu’après trois ou quatre petits copains au lycée, elle a rencontré son mari, Francesco, à 18 ans. Elle hésite.
— Tu vois… enfin… il n’y a eu que lui en fait.
Et Mathilde qui la regarde de ses yeux rieurs, qui se moque un peu ou qui trouve ça charmant. Un peu vieillot mais charmant.
0 h
Elles se sont arrêtées à nouveau. Café, cigarette, un sandwich médiocre qu’elles partagent.
Elles rient en commentant l’allure dépenaillée des naufragés d’un autocar de voyage organisé, les visages fripés et les vêtements mal ajustés.
Quand elles repartent, l’air dehors est encore chaud. Si le soleil est couché, la nuit ne veut pas tomber.
Le silence.
À côté d’elle, Mathilde, qui a ôté ses chaussures de toile, à poser ses pieds menus sur le siège en cuir. Elle a tourné son visage vers la conductrice et la regarde.
Le silence.
Tout en gardant ses yeux sur la route qui s’écoule maintenant, monotone comme un fleuve paresseux, la conductrice ne cesse de ...
... penser à sa passagère, à ses jambes brunes et nues, à cette poitrine qui danse, arrogante sous la toile élimée du tee-shirt. À ses yeux noirs et lumineux. Elle inspire plus fort, essaye de sentir cette odeur de petite femelle, ce mélange de parfum fleuri (un Kenzo peut-être) et de sueur légère.
Elle est troublée par ce regard qui ne la quitte pas. Elle sent ses yeux qui détaillent son profil, qui s’attardent sur ses épaules que le débardeur découvre, sur la poitrine qu’il laisse deviner, sur ses bras nus et sur ses jambes.
Le silence.
Son cœur qui bat. À mesure que les minutes passent, la route devient un objet presque abstrait, rien n’existe plus que le silence de cette voiture, le bruit du moteur n’est plus qu’une équation mécanique.
Le silence et deux yeux noirs de chat qui la regardent.
Et puis, elle sent. La main de Mathilde qui s’est posée sur la sienne, celle qu’elle garde sur le levier de vitesse quand elle roule vite.
Cette main, plus petite que la sienne, plus légère qu’un souffle.
Elle jette un œil sur cette main brune sur la sienne si blanche. Elle voudrait que l’univers se résume à cela. Cette main sur la sienne.
Bientôt, l’Alfa Roméo quitte l’autoroute et s’engage sur une aire de stationnement. Vide.
2 h 30
Dans la nuit électrique.
Elle tremble. Dehors sur le parking. La cigarette qu’elles ont fumée en silence. La nuit bruisse, elles n’entendent rien.
Mathilde qui lui prend la main et se met face à elle, sur la pointe de ses ...