Adeline, Yannick et Patricia - Histoires de Sexe

Adeline, Yannick et Patricia

... pourrais vous aider, à passer le bac par exemple.
— Vous croyez ? Je suis bien trop cruche pour ça…
— Si je vous le propose, c’est que je suis persuadé du contraire. À mon avis, vous n’avez simplement pas eu la chance de pouvoir poursuivre des études longues, mais vous en avez tout à fait les capacités.
— Ça me ferait très plaisir, évidemment, mais je ne sais pas si j’en suis capable.
— La seule façon de le savoir, c’est d’essayer. Après tout, vous tournez un peu en rond ici, quand vous avez fait ménage, cuisine et lessive.
— Oui, c’est vrai, mais ici je ne m’ennuie pas comme je m’ennuyais dans l’appartement. C’est grand, il y a le jardin et puis vous avez tellement de livres. J’en lis, vous savez ?
— Oui, j’ai remarqué. Je pourrais peut-être vous guider dans vos choix, si vous le souhaitez. Alors, on essaye ?
— J’ai la trouille, peur de rater et de vous décevoir. Je suis une fille simple et le savoir m’impressionne.
— Voyez-vous, rien que cette phrase prouve que vous n’êtes pas si simple que ça. Vous avez immédiatement analysé une situation : un, le beau-père me fait bosser, si je rate je me décrédibilise complètement alors qu’il est content de moi parce que je fais bien la cuisine et le ménage. Deux : je porte un jugement sur moi-même, une fille simple, vous n’avez pas dit « stupide » et vous vous positionnez par rapport à un concept un peu vague, le savoir, et non pas par rapport à d’autres personnes. C’est très fin et ça prouve une intelligence qui fonctionne ...

... bien.
— Si vous le dites.
— Moi là-dedans, je n’ai rien à y gagner, si ce n’est de passer de longs moments avec vous, ce qui m’est très agréable. En revanche, ce que vous, vous pouvez y gagner, c’est ouvrir des portes vers de nouvelles qualifications, d’autres possibilités d’emploi et d’emplois plus qualifiés donc mieux rémunérés.
— Ah ça, c’est un bon argument. Je veux m’en sortir et surtout assurer l’avenir car, comme je vous l’ai dit, je ne peux pas faire confiance à Yannick. Un jour ou l’autre, il aura un pépin, ou il se fera virer, ou il me larguera comme une malpropre. D’ailleurs notre couple n’existe déjà pratiquement plus.
— Bon, eh bien, on va se lancer dans les inscriptions.

Je récupérai donc des tests de positionnement auprès d’un collègue qui travaillait dans un GRETA. En français, ce n’était pas mal mais elle avait quelques lacunes sur des règles de base, faciles à corriger. En maths, c’était un petit niveau 3e, mais en biologie et en physique, c’était à peu près nul, saufson physique mais ça ne compte pas. L’anglais n’était pas trop mal, et grosses lacunes en histoire-géo. Avec ça, quel bac choisir ? Tous les bacs technologiques sont décrits avec « sciences » comme premier mot, à éviter. Le bac S, hors de question, le bac littéraire exige une culture livresque qu’elle n’a pas, reste le bac ES, un peu bateau, assez généraliste, où elle pourrait réussir, une matière en rattrapant une autre. On part là-dessus et on se donne deux ans et trois mois pour y arriver, ...