Adeline, Yannick et Patricia - Histoires de Sexe

Adeline, Yannick et Patricia

... au dessert avant de tomber raide dans le canapé. Patricia m’aida à débarrasser et à faire la vaisselle, puis nous prîmes un café tous les deux dans la cuisine. Elle avait les traits tirés, le visage triste et fermé.

— Eh bien, il ne tient pas le coup, le fiston. Il est donc si fatigué ?
— Vous ne comprenez pas ? Il est imbibé…
— Alors c’est bien vrai, il boit ? Oh, merde… Mais avec son métier de chauffeur ?
— Ne m’en parlez pas, je tremble à chaque instant qu’il n’ait un accident ou se fasse virer. Déjà avec ce qui m’arrive à moi, on est dans une panade noire…
— Comment ça, à vous ?
— Mes patrons étaient âgés, ils cherchaient à vendre et ils ont trouvé. Non pas un repreneur où j’aurais pu me recaser, mais une chaîne d’opticiens. Du coup, je me suis retrouvée sans boulot. Et puis je gagnais bien, presque autant que Yannick, et en plus les patrons m’avaient en sympathie. Je rentrais toujours avec des invendus, des produits près de la date limite, des fruits tallés ou des légumes défraîchis. Bref, on se nourrissait presque gratuitement. Mais là, un seul salaire, il passe presque tout dans le loyer, un deux pièces pourtant…
— Vous touchez quand même le chômage ?
— Oui mais, ça ne compense pas vraiment. Et puis il faut tout acheter. Pourtant, je vous jure que je fais tout ce que je peux. Tous les matins, je suis à Pôle-Emploi dès l’ouverture. Parfois, je trouve des petits boulots, des intérims. Mais souvent c’est à des kilomètres et on n’a qu’une voiture, c’est Yannick ...

... qui la prend, alors je ne peux pas y aller… Et puis tout s’accumule, les loyers, l’eau, le gaz, l’électricité, la taxe d’habitation… Dès qu’on sonne, j’ai peur que ce soit l’huissier… On va se retrouver à la rue, c’est sûr… On a bien fait un dossier pour avoir un HLM, mais on n’est pas prioritaires…
— On dit « UNE » HLM, une habitation à loyer modéré. Pardon, c’est le vieil instit qui ressort. Mais, vous avez une qualification, un diplôme ?
— Non, enfin si : j’ai un CAP petite enfance, mais c’est trop petit chez nous pour garder des gamins. Et aucun poste dans les crèches ou les écoles… Désolée mais, je n’avais pas le choix, pas possible de faire des études, ma mère faisait des ménages, mon père manœuvre dans le BTP… Il fallait que je travaille…
— Je ne vous reproche rien.
— Mais vous savez, on n’était pas riches, mais jamais on n’a eu de dettes comme ça… J’ai trop la honte…
— Je peux peut-être…
— Non, je vous en prie, non. Plus il aura d’argent, plus il boira.
— Bon. Alors j’ai une autre idée, allez donc le réveiller.

Elle y va, avec beaucoup de douceur pourtant, mais il se réveille en la houspillant.

— Quoi ? Qu’est-ce que tu veux ? J’peux pas avoir la paix cinq minutes ?
— Doucement Yannick, doucement. C’est moi qui ai demandé à Patricia de te réveiller. Voilà, j’ai une proposition à vous faire. La maison est grande, bien trop grande pour moi tout seul. Si vous voulez, je peux vous héberger, le temps que ça aille mieux, que vos ennuis soient oubliés.
— Il a ...