Adeline, Yannick et Patricia - Histoires de Sexe

Adeline, Yannick et Patricia

... qu’une expérience toute personnelle. Adeline fut emballée par la maquette et me corrigea quelques fautes de frappe oubliées. Il nous restait trois jours avant la rentrée et je lui proposai :

— Et si nous allions nous promener quelque part, loin d’ici et d’éventuels regards critiques ?
— Vous croyez ? Je… Je ne sais pas…
— En ce qui me concerne, en tout cas, j’ai bigrement besoin de prendre l’air. Pas vous ?
— C’est… c’est un peu improvisé, non ? Vous croyez qu’on trouvera à dormir ?
— Il existe, chère Adeline, des établissements qu’on appelle, je crois, « Hôtels », et qui louent des chambres aux voyageurs de passage.
— Arrêtez de vous moquer. Je… je dois vous avouer que je ne suis jamais partie en vacances…
— Hein ? Pas possible ?
— Hélas si. Mon éducation, mes parents. Tout plaisir, toute chose inutile étaient bannis de notre vie.
— Mon Dieu, à ce point ?
— Oui. Par exemple, je ne sais pas nager parce qu’il n’est pas décent de montrer son corps dans un maillot de bain. Quand il y a eu piscine obligatoire, un de leurs amis médecin de même obédience m’a fait immédiatement un certificat pour ne pas y aller. Et tout comme ça.
— Et là, il va vous faire un certificat pour ne pas partir trois jours avec moi ?
— Non, bien sûr. Mais du coup, sortie de mon petit univers, je suis perdue. Vous comprenez ? Tout ce qui n’est pas habituel, sortant de la routine, m’angoisse.
— OK, je ne veux pas vous paniquer. Et même avec la protection d’un grand costaud de bourlingueur ...

... comme moi, vous auriez peur ?
— C’est bien mon problème. J’ai très envie de partir avec vous, je me sais en toute sécurité, mais… Il y a des moments où nous ne serons pas ensemble, forcément. La nuit par exemple, et j’ai peur d’avoir peur.
— Attendez, mais la nuit, ici, vous êtes bien toute seule dans votre appartement ?
— Oui, mais je suis chez moi, dans mon école, avec plein de portes entre l’extérieur et moi, des alarmes… Et vous, tout près…
— Bon. Et si nous partagions la même chambre, une chambre à deux lits, ça irait ?
— Ah, je crois, oui.
— Bon, alors l’affaire est conclue. Courez préparer votre valise.
— Mais… On va où ?
— Très loin, à l’autre bout de la France ! Aux Sainte-Marie de la Mer !

Direction Le Puy en Velay. Merveille que de voir ses grands yeux étonnés découvrir le monde pour la première fois. Hôtel Ibis, chambre à deux lits.

— Vous savez, j’ai l’habitude de dormir à poil et je ne change rien pour vous.

Elle se détourna pudiquement jusqu’à ce que je sois couché. Le lendemain, Pont du Gard, Nîmes et ses Arènes, la Maison carrée, les Jardins de la Fontaine et la tour Magne. Les vers d’Henri Monnier, «Gal, amant de la reine, alla tour magnanime, Galamment de l’arène à la tour Magne à Nîmes » lui plurent énormément. Nous terminâmes la journée aux Baux de Provence, logés dans un petit hôtel un peu luxueux, mais à cette période de l’année il n’y avait guère de choix, et surtout en partie troglodyte. C’est extraordinaire de dormir presque dans une ...