La quadrature du couple - Histoires de Sexe

La quadrature du couple

... Incroyablement intuitive, consciencieuse, honnête, dévouée et belle comme un cœur, ce qui enjolive plus encore sa beauté profonde. Bref, la perfection. Malheureusement pour elle, le mien, de cœur, est déjà épris par une femme qui, bien que je venais de lire que je me faisais un plan sur la comète, accapare mes nuits et mes pensées depuis que nos chemins se sont croisés. Alors, plus que de me convaincre de baisser les armes, ce matinal courriel semblait me certifier le contraire. Elle se faisait violence, luttait, elle aussi.

J’ai écrit une dizaine de réponses, toutes effacées avant d’oser les envoyer. Si je n’avais pas reçu un nouveau courriel, je crois que j’aurais tiré un trait sur l’hypothétique espoir que je maintenais en vie depuis tant d’années.

À quoi jouait-elle ? À je t’aime, moi non plus ? Ou peut-être était-ce un appel au secours ?

Paumé. Plus que jamais j’étais paumé, incapable de tirer le vrai du faux, incapable de choisir entre répondre ou non. Alors, afin de tirer au clair ce que je n’arrivais pas à discerner, j’ai fait appel à la seule personne en qui j’ai confiance, quitte à la décevoir, Myriam.

— Putain ! Si c’est pas une déclaration ça ! … bah t’attends quoi pour répondre ?
— Je… je sais pas si…
— Si quoi ? T’as d’la merde devant les yeux ou quoi ? Elle attend qu’ça !
— Oui, c’est ce que je me suis dit, mais… elle est mariée et…
— Et quoi ?
— Regarde. Heureuse et comblée.
— Ouais… bah… p’tête qu’elle veut juste un cinq à sept.
— Hein ! ...

... Non ! Pas son genre.
— Écoute, moi j’la connais que de nom. N’empêche que là, c’que je lis c’est soit un cinq à sept, soit plus.
— Plus… du genre…
— De genre plus quoi ?
— Plus…
— … Ouais plus quoi ! … Bon, t’attends quoi en fait ?
— J’sais pas. Plus.
— Putain c’que vous êtes compliqués les mecs ! Vous courez un lièvre pendant des années et le jour où vous l’chopper vous n’avez plus les couilles de l’foutre dans votre pieu !
— C’est comme ça que tu me vois ?
— Oui, non… Enfin, un peu. Depuis combien de temps t’attends qu’ça ? … Bon, fais comme tu veux, mais viens pas pleurer après.

Pour la seconde fois depuis qu’elle travaille avec moi, elle est sortie en claquant la porte.

J’ai bu mon café froid, puis deux autres brûlants debout devant le percolateur. J’allais m’en tirer un autre lorsque le téléphone sonna.

— Oui Myriam.
— Madame Mognois est là… Enzo ?
— Oui. J’arrive.

Qu’allais-je pouvoir lui dire de vive voix alors que j’étais déjà incapable de lui répondre par écrit ? Décidé à simplement l’écouter, j’ai ouvert la porte.

— Bonjour Claire. Je vous en prie.
— Bonjour. Merci.
— Que… café ?

Myriam avait raison. : un homme qui bande perd toute conversation. Mais comment ne pas, face à une telle femme ?

— Non merci. Je ne bois pas d’eau chaude.
— Chaude…
— Oui. Ni café ni thé. Le seul liquide chaud qui passe est le bol de lait de mon petit-déjeuner.
— Je… eau fraîche, je dois avoir.
— Ça ira. Merci.

Assis face à face, on s’est regardé, ...