1. Quand la pression monte


    Datte: 14/03/2024, Catégories: couple, confession, Humour Auteur: Jimmychou, Source: Revebebe

    ... fronce légèrement les sourcils alors que je m’accorde une pause respiratoire.
    
    — Je ne nierai pas qu’une part non négligeable des nouvelles proposées sur le site sur lequel je me commets, pourtant plébiscité par l’élite des amateurs de gaudriole, ne mérite guère mieux qu’une indifférence polie. Mais il n’est jamais agréable de voir le fruit de plusieurs heures de réflexion et de rédaction détruit en quelques phrases assénées sans gants par un anonyme moins obligeant que la moyenne.
    
    Bérénice esquisse un sourire pincé qu’elle s’empresse de faire disparaître de ses jolies lèvres.
    
    — C’est donc l’anxiété, la cause de votre tourment. La crainte que votre littérature de pacotille soit piétinée par un esprit plus clairvoyant et moins hypocrite que ces lèche-bottes ordinaires qui, je suppose, ne sont pas avares de compliments dithyrambiques pour qualifier telle ou telle pitoyable production.
    
    La remarque de Bérénice manque d’empathie, mais je dois convenir que mon épouse a visé juste. Je me retrouve plongé dans un abîme de réflexion et j’en arrive naturellement à m’interroger sur la motivation réelle qui me pousse à me torturer l’esprit pour produire des historiettes dispensables.
    
    Et en y réfléchissant, je pressens que je ne dois pas être le seul contributeur du site à me poser cette question. Quelles raisons peut-on logiquement évoquer pour justifier un entêtement à se fourvoyer dans de tels passe-temps ? Est-ce la frustration liée à une vie sexuelle au mieux sans saveur ...
    ... au pire inexistante qui pousse certains à se répandre dans une vulgarité d’un goût souvent discutable ? Est-ce au contraire la nostalgie d’un amour désormais éteint ou d’une jeunesse révolue remplie de stupre et de plaisirs luxurieux qui les motive ? Ou alors, mes confrères pourvoyeurs d’histoires salées sont-ils simplement victimes de leur fatuité naturelle ou d’un ennui par trop envahissant ?
    
    — Eh bien, mon ami, vous allez vraiment finir par m’inquiéter.
    
    La voix franche de Bérénice interrompt mon introspection.
    
    — Quel est donc cet éditeur de contenus licencieux qui vous met dans un état pareil ?
    
    Je renseigne mon épouse de façon évasive avant de me replonger dans la rédaction de mon œuvre « immortelle » tout en continuant à me flageller… Que de temps passé à imaginer un scénario qu’on espère génial, mais qui s’avérerain fine d’une incommensurable banalité ! Combien d’heures consacrées à pondre des phrases toujours aussi vaines, malgré de multiples relectures et corrections !
    
    Inévitablement, mes pensées dérivent vers ces censeurs déconsidérés qui au mépris de leur équilibre mental effectuent leur tâche répétitive, ces correcteurs vaillants et désintéressés qui usent leurs yeux et parfois leurs méninges pour décrypter une littérature dont le niveau se situe par nature au-dessous de la ceinture. Jugeant leur sacerdoce titanesque, je les plains de n’avoir guère le loisir de pouvoir partager mes états d’âme…
    
    — Mon Dieu ! Mon ami ! vous évoquiez des bluettes. Je ...