Mahoko - Histoires de Sexe

Mahoko

... est de quatre cent cinquante mille euros avant négociation, auxquels il faut ajouter cent cinquante mille euros de travaux et aménagements. Notre siège est évalué à deux cent cinquante mille euros, notre disponible se monte à deux cent mille euros. Je propose de faire un emprunt de deux cent cinquante mille euros sur cinq ans, soit en gros, cinquante-cinq mille euros par an à rembourser, afin de conserver un volant de sécurité. C’est à vous de décider.
— Ce n’est pas rien et ce n’est pas une décision à prendre à la légère. Sans vouloir vous froisser, permettez-nous de délibérer entre nous. Nous n’avons rien à cacher, mais vous êtes porteur de ce projet et nous avons besoin d’entendre tous les avis et tous les arguments, même ceux qui pourraient vous heurter.
— Mais aucun souci, c’est parfaitement votre droit.

Je sors avec Mahoko, pas du tout sûr de mon coup. Édouard m’avait encouragé à le faire tout de suite, je ne suis pas certain qu’il ait eu raison. Je n’en mène pas large. Finalement, plus on grimpe dans une hiérarchie et plus on se sent comme le jour du bac ou du brevet. Mahoko reste impassible, sourire de circonstance, et me rapporte un gobelet de café dégueulasse. Pas le choix, distributeur du coin, on en perd vite l’habitude. Il leur faut moins d’un quart d’heure pour délibérer.

— Monsieur le Directeur Général, éclairez-nous sur un point, voulez-vous ? En faisant un emprunt, vous hypothéquez sur les cinq années à venir. Qu’est-ce qui vous rend aussi confiant ...

... ?
— Nous l’avons dit, cette année est une année exceptionnelle par sa croissance. Je ne peux pas vous garantir que l’année prochaine et les suivantes seront aussi fastes. En revanche, ce qui est acquis est acquis. Cela signifie que les gros contrats signés récemment continueront de courir et de rapporter les mêmes subsides. Donc, hormis une catastrophe imprévue, car imprévisible, les revenus de l’année prochaine seront au moins au niveau de ceux de cette année. Par ailleurs, ils ne représentent que le quart de notre actif en cours, ce qui laisse une marge de sécurité très suffisante.

Ils se regardent tous, hochent la tête.

— Bien, votre projet est accepté à l’unanimité. Un point cependant : vous nous avez dit, et nous avons su qu’un gros effort avait été accompli par tout le personnel. Nous souhaiterions qu’il en soit récompensé et que vous ajustiez votre emprunt de façon à ce qu’une prime exceptionnelle puisse être versée à tous.
— Je… je vous remercie pour eux, c’est très généreux de votre part.
— Monsieur le Directeur Général, nous allons recevoir un dividende augmenté de dix pour cent. Il y a bien peu de placements aujourd’hui qui puissent prétendre à cela. Nous savons à qui nous le devons et Édouard ne s’était pas entouré de purs spéculateurs.

À cet instant, mon téléphone sonne.

— Quand on parle du loup, dis-je en approchant mon mobile du micro…
—Jérôme, je reconnais là ta signature. Brigand ! Vous êtes tous des brigands ! Merci, merci, les amis, mille fois ...