Petit jeu qualitatif - Histoires de Sexe

Petit jeu qualitatif

C’est la troisième fois que nous mangeons ensemble le midi avec l’intervenant Qualité ISO 9001. Comme souvent, c’est Magalie qui a lancé la conversation sur le terrain glissant des relations humaines vécues de façon plutôt horizontale. Et notre intervenant, Damien, a répondu tranquillement, sans se démonter, avec un naturel confondant. Magalie qui pensait le déstabiliser en a été pour ses frais.

Puis, je ne sais pas comment, le sujet a dévié sur les pratiques un peu plus corsées. Un fois de plus, Damien a démontré qu’il en sait beaucoup plus que la moyenne. C’est Nathalie qui a osé poser la question :

— Vous en connaissez un rayon, Damien ! Vous pratiquez ?
— Oui, a-t-il simplement répondu.

Alors que, étonnée, Nathalie essayait de trouver une réponse adéquate, et que Léa ne savait pas trop comment réagir, ce fut Magalie, ravie de la tournure des événements, qui s’enfonça, gourmande, dans la brèche :

— Ah oui ? En tant que soumis ou Maître ?
— Je suis indubitablement Dominant.
— Indubitablement ?
— Je comprends très bien pourquoi un homme peut aimer être soumis, mais cette façon d’être et de penser m’est totalement étrangère.
— Donc c’est vous qui maniez la cravache ?

Damien se contente de sourire. Moi, je reste bien sage dans mon coin, la plus réservée des quatre femmes présentes à notre table. Quatre femmes pour un homme, je crois que beaucoup de ces messieurs auraient aimé la place de notre intervenant, mais avec Magalie qui est très… disons le mot, ...

... dévergondée, Nathalie qui n’a pas sa langue dans sa poche et Léa plutôt féministe militante et accessoirement végétalienne forcenée à ses heures, ils auraient eu quand même fortement maille à partir. Moi, Sabine, je suis plutôt du genre qu’on ne remarque pas, je regarde, j’observe, mais j’interviens peu.

Depuis tout à l’heure, je contemple Damien : il est plutôt bel homme du haut de sa haute stature et de ses cinquante ans. Des traits réguliers, tempes argentées, de la conversation, il semble aussi être gentil. Mais avec ce qu’il vient d’avouer, je me pose des questions !

Damien reprend le fil de la conversation :

— Manier la cravache, c’est un lieu commun un peu dépassé, vous savez ?
— Attendez, un Maître, ça cravache sa soumise, non ?
— Vous avez une vision de la Domination/soumission un peu surannée !
— Vous causez bien, Monsieur l’intervenant en Qualité !
— J’essaye de trouver le bon mot à la bonne place. Revenons à nos moutons ou plutôt à nos cravaches. Pour ma part, c’est un jeu, pas un style de vie.

C’est Léa qui prend la parole, assez courroucée :

— Comment ça, un jeu ? De taper sur des femmes ?
— Qui vous dit que je tape sur les femmes, même avec une rose ?
— Attendez, ces machins de BDSM, on sait très bien que ce n’est pas pour se contempler gentiment dans le blanc des yeux !
— Qui vous parle de BDSM ? Nous parlons de Domination et de soumission, pas de sadomasochisme, je vous signale…
— Et c’est quoi la différence ?

Damien s’adosse à son ...