1. Mutinerie au Congo, Chapitre 04


    Datte: 10/02/2024, Catégories: Non Consentement / À contre-cœur Auteur: byHBuff, Source: Literotica

    Camp Hardy. 11 juillet 1960, 20 h.
    
    Le soir, de son frais manteau de saphir sombre, descend sur une longue et fatidique journée. À la lueur de feux de camp par lesquels les mutins illuminent les avant-cours des maisons de Blancs, les jeunes captives sont obligées de danser nues au son des hauts tam-tams du Congo.
    
    De leurs pieds nus, les jolies Belges foulent le sol africain et soumettent leurs corps mouvants aux rythmes du non-dit; elles sont si pâles au milieu des mutins, qui tapent des mains, boivent et chantent et les poursuivent de leurs regards de rois satisfaits. Rois de la jungle, maîtres du quartier blanc. Les pères de ces filles sont des roitelets déchus, dont la plupart moisissent au cachot. Le Moyen-âge a mis ses habits modernes.
    
    La belle petite Lucie attire leurs sifflements; les Congolais admirent son cul pas croyable tandis qu'elle danse en pleurant. Comble d'ironie, ils la font danser juste devant chez elle, près de la rue, en face de chez Anne LeBlanc, qui est toujours à l'intérieur en train de déguster la cuisine congolaise.
    
    Les soldats disent souvent que les Belges aiment le chocolat et que leurs bites ont exactement la bonne couleur...
    
    « Et c'est tout crémeux quand ça leur explose dans la bouche! » déclare un sergent anonyme.
    
    Lucie commence à avoir faim, mais elle n'a pas envie de manger; elle a la nausée. La nausée de ce qui se passe; nausée de ce qu'ils ont fait d'elles et de ses amies. Elle essaie d'attacher des mots ou quelque ...
    ... pensée cohérente à cette nausée; elle n'y parvient pas. Mais il y a pire : la nausée de ce qu'ils vont leur faire encore.
    
    La jeune fille du XXe siècle danse au son d'instruments qui existaient déjà du temps de Charlemagne. Elle doit s'adapter à une nouvelle réalité, bien moyenâgeuse, qui lui enseigne mieux que les livres d'histoire ce qui se passe quand un château ou un bourg tombe aux mains de l'ennemi. Elle se souvient d'avoir lu avec effroi des passages des Chroniques de Jean Froissart, et refusait de croire que des paysans aient pu saccager les châteaux et violer les filles nobles pendant la Jacquerie de 1360. À présent elle sait. Elle comprend intimement ce que ces pauvres filles de baron ont vécu en humiliations aux mains des culs-terreux. Le Nègre est par définition un cul-terreux dans son esprit colonial.
    
    À qui la faute? À elle et à son beau petit corps d'un mètre soixante avec nichons d'adolescente en prime? Elle le pense un peu. Elle a honte de ce diffus sentiment de fierté morbide qui vit en elle. Ils la trouvent jolie, et c'est bien vrai qu'elle l'est, pieds nus en tenue d'Ève devant la soldatesque. Elle reçoit beaucoup d'attention, et ça excite certaines fibres méandreuses de son être, dont elle découvre l'insoutenable complexité. La vie n'est pas toujours si simple.
    
    Pauline, Véronique et Isabelle font comme elle; elles dansent au rythme des tam-tams et des chants en lingala aux voix masculines. Elles dansent, regard éteint. Leur vie est arrêtée. Qu'est-ce ...
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