1. Une île


    Datte: 08/02/2024, Catégories: fh, Auteur: Jane Does, Source: Revebebe

    ... bâtisse, chaque maison, il a fait un projet recensé. Ça me laisse sur le cul. Et pour me donner bonne conscience, je replie soigneusement les documents et les remets dans l’attaché-case d’où ils sortent. Revenons à nos vraies valeurs, mes projets en cours… mes clients sérieux qui comptent sur mon boulot.
    
    — xoxoXOXoxox —
    
    Pas un mot, pas un geste pour me prouver que ce Daniel avec qui je déjeune « Chez Cécilia », mon restaurant préféré, ait des vues sur ma petite personne. Non ! Un repas où tout coule sans que je sente une quelconque drague de sa part. Pas un zeste d’intérêt pour la femme que je m’efforce d’être, de paraître lors de ce genre de sortie professionnelle. Nous mangeons en papotant et je sens chez lui, une ferveur spéciale, dès lors qu’il aborde le sujet de « son île ». Il est habité par ce bout de terre, dont je suis incapable de définir l’existence réelle. Tout ce dont je suis sûre, c’est bien qu’il y croit dur comme fer et il me le montre.
    
    À la fin de ce repas, je ne suis guère plus convaincue. Par contre, je me sens sous l’emprise de ce bonhomme. Je lui trouve des tas de défauts, son jeune âge par exemple et l’instant d’après, ça devient… une qualité. Versatile, mon comportement l’est pour le moins beaucoup trop. Et sans qu’il fasse un geste de rapprochement dans ma direction, je fonds littéralement pour cette bouche qui parle avec emphase de maisons, de magasins et de tout un tas de pierres à empiler les unes sur les autres, pour former son rêve. À ...
    ... diverses reprises, j’ai senti aussi sur notre table, le regard insistant de mon amie Cécilia, propriétaire exploitante de l’endroit où nous déjeunons.
    
    Je ne sais pas ce qui attire ainsi son attention, parce que nous sommes Daniel et moi d’un calme souverain. À moins… étrange déduction de ma part, à moins qu’elle n’en pince pour le beau gosse qui mange face à moi ? Et cette simple idée me donne des frissons. Nous arrivons à la fin de ce repas qui ne m’a toujours donné aucune réponse. Plus exactement, j’ai tellement de questions supplémentaires que je n’arrive pas à comprendre où veut en venir le garçon. C’est donc lui qui règle la note malgré ma proposition de faire moitié-moitié. Il s’en offusque et je cède. Après tout, je perds mon temps sans nul doute !
    
    Nous nous quittons bons amis devant la porte de mon bureau où il vient de me poser. Je lui promets de réfléchir à sa proposition en songeant que je n’en ferai sûrement rien. Mais à quoi bon lui ôter ses illusions ? Et alors qu’il tourne au coin de ma rue, mon téléphone me rappelle à l’ordre.
    
    — Allô ! Anne ? C’est Cécilia !
    — Ah, Cécilia… qu’est-ce que je peux faire pour toi ?
    — Pour moi, rien ! Mais ton ami a oublié sa carte bleue dans la machine lors de son paiement…
    — Mince ! Ce n’est pas mon ami.
    — Ah bon ? Tu as donc comme client le fils Baneton ?
    — Tu connais ce jeune homme ?
    — Mais… d’où tu sors toi ? C’est une des plus grosses fortunes de notre pays, ce Daniel… Sa famille fabrique des bateaux et tout ce ...
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