1. Une île


    Datte: 08/02/2024, Catégories: fh, Auteur: Jane Does, Source: Revebebe

    ... l’après-midi ? Rien, si j’en juge par l’attitude toujours aussi réservée du bonhomme. C’est en moi que les choses évoluent et pas d’une façon satisfaisante. À mon humble avis, je vais encore au-devant d’une désillusion monumentale. Fourrer mon nez dans une histoire sans queue ni tête. Enfin… si, il y a bien une queue, mais je ne veux pas entrevoir la lueur de la caresser.
    
    Cécilia nous a versé deux verres d’un vieux cognac. Elle reflue vers son zinc sans rien dire d’autre. Daniel a les quinquets sur sa croupe et ils brillent en revenant sur moi. Moi ou ma poitrine à hauteur de son regard ? Ça recommence ! Je refais le monde à ma manière ? Il faut dire que mes seins malgré mon soutien-gorge tendent le tissu de mon chemisier. Chaque respiration les fait remuer un peu. Ils se trouvent presque trop à l’étroit dans leur conque de dentelle. Et puis, ailleurs, c’est aussi la marée montante ! Oui… l’alcool aidant, j’en arrive à me dire que ce qui me tenaille les tripes, ce n’est pas très sain.
    
    Bingo ! Daniel choisit juste le départ de notre table de la patronne des lieux pour s’emparer de mes doigts qui traînent sur le pied du verre du breuvage ambré. C’est comme un coup de jus qui me colle au corps. Je tremble un peu de cette situation. Le sait-il ? Bien sûr que oui ! Il ne peut ignorer que je suis une proie, du millet pour son serin. Et je suis totalement déboussolée par cette chaleur qui m’envahit. Je dois impérativement retirer ma main de la sienne, avant qu’il ne soit trop ...
    ... tard. Mais n’est-ce pas déjà le cas ? Quelle journée ! Deux rencards pour le prix d’un. Et avec le même beau jeune loup.
    
    Je brûle de ce feu qui fait des femmes des amoureuses, des âmes perdues. Mais la mienne ne l’est-elle pas depuis si longtemps ? Il est beau, ce diable qui me caresse délicatement le dos de la main. Pourquoi n’ouvre-t-il pas la bouche ? Juste un mot, juste un son, un seul pour briser le sortilège. Rien ne vient et je sens que je m’enfonce une fois encore dans un truc qui me dépasse. Une relation qui va me bouffer j’en jurerais. Mais c’est si bon de se dire que je peux encore plaire à un garçon plus jeune. Il me faut réagir et me dégager de son emprise, vite, très vite même, sous peine de ne plus m’en sortir. Si seulement il parlait ! Non ! Il se contente de faire jouer ses doigts sur la peau des miens, de remonter vers mon poignet.
    
    Et moi, cruche de service qui sait bien comment tout cela va encore finir. Je ne suis plus en mesure de lui tenir tête ? Le visage qui se penche vient vers ma place, juste séparé par la largeur de la table. Une chance qu’elle délimite l’espace. Alors comment et pourquoi est-ce que j’avance aussi ma figure vers l’ombre qui se dessine au-devant de moi ? Folie que ce mouvement que je ne veux ni ne peux réprimer ? Quel merveilleux contact que ces deux lèvres qui accostent sur ma bouche ! Cette fois, je suis ferrée. Le baiser a un goût de reviens-y, de recommençons-le ! L’orage est là ! Il éclate partout autour de nous, en moi, ...