1. Tout se joue le 18 juin.


    Datte: 29/01/2024, Catégories: fh, danser, amour, Voyeur / Exhib / Nudisme conte, historique, merveilleu, Auteur: Mlle Fanchette, Source: Revebebe

    ... quelques doutes… mais même en se postant près de la tente, il n’avait jamais pu voir celle que son frère attendait, et Dieu sait s’il avait tout fait pour ne serait-ce que l’apercevoir ! Et leurs secrets l’intriguaient plus que de raison.
    
    Gauvain n’avait pas toujours été ainsi, il avait même été longtemps un joyeux luron ne rêvant que d’accortes créatures et de batailles, toujours prêt à se vanter des unes comme des autres. Pourtant, depuis qu’il avait disparu plusieurs jours dans le bois, il avait radicalement changé. Il délaissait les plaisanteries gaillardes pour la poésie, l’épée pour le luth et il avait même appris les sciences qui guérissent.
    
    Mais le plus surprenant avait été sa soudaine déférence envers les femmes, toutes les femmes. Lui qui les évaluait auparavant d’un œil connaisseur ne les regardait plus désormais comme un homme. Il avait pour elles toutes une extrême courtoisie, il se montrait serviable et prévenant même avec la plus vieille et laide. Il allait même jusqu’à prendre leur défense en toutes circonstances, ce montrant mordant envers tout médisant et intraitable envers toute violence à leur égard… Personne n’avait été surpris de le voir prendre le parti de Jeanne avant tout le monde.
    
    Au tout début pourtant, nombreux avaient été ceux qui s’interrogeaient sur le brusque changement du chevalier. La mort de leur père et le poids des responsabilités avaient été évoqués sans convaincre… Aujourd’hui encore sa déférence d’un autre temps surprenait. ...
    ... Lorsqu’il était interrogé à ce sujet, Gauvain se contentait d’un sourire énigmatique avant de désigner ses armoiries :
    
    Pour son jeune frère l’explication n’était pas suffisante. Certes, il connaissait par cœur la légende qui attribuait leurs armes à une de leurs aïeules. Jeune épousée, enceinte, son mari l’avait laissé pour partir en croisade. Il n’avait pas fallu longtemps à un voisin pour venir monter le siège dans l’espoir de gagner et les terres et la dame. Alors que la jeune femme était désespérée, une barque tirée par un cygne était apparue sur la rivière. Un chevalier en était descendu pour mettre son épée au service de la belle. Il avait chassé définitivement l’importun et était resté veiller sur elle jusqu’à la naissance, puis il était reparti comme il était venu.
    
    Gauvain avait beau expliquer qu’il s’efforçait d’être à la hauteur de cet idéal chevaleresque et courtois d’une désuétude assommante, Thibault n’était pas dupe et savait qu’il s’était passé quelque chose dans le bois. Hélas, il avait eu beau fouiller ceux-ci, insister lourdement auprès de son frère allant jusqu’à le provoquer, il n’avait jamais obtenu qu’une réponse énigmatique :
    
    — J’ai rencontré Amour en son jardin et me suis soumis à ses commandements.
    
    Le cadet en avait déduit qu’il y avait eu une femme dans la forêt mais nul n’en savait rien et les lèvres de Gauvain étaient désespérément closes à son propos.
    
    Naturellement, tant de secrets avait excité l’imagination de tout leur entourage et ...
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