Tout se joue le 18 juin. - Histoires de Sexe

Tout se joue le 18 juin.

... gravité.

— Ton frère est à peine un homme. Je comprends… J’ai mes propres inquiétudes pour ceux que je compte comme des amis. Je suis lucide, je sais combien ma place est fragile et je sais aussi que lorsque mon destin sera accompli, ces puissants qui me prêtent aujourd’hui l’oreille se laveront les mains de moi. Tu as bien vu tout à l’heure combien ma position est fragile ! Je doute de profiter un jour de la paix mais qu’importe mon sort ? J’ai eu la chance d’être choisie par les saints. En revanche, je m’inquiète pour ceux dont la loyauté est sincère. Alors si tu as une chance de vivre en paix, j’en serai heureuse.

Gauvain la dévisagea longuement. Il éprouvait respect et admiration pour cette enfant devenue soldat en quelques mois à peine. Nombreux étaient les hommes qui s’étaient ralliés à sa bannière, plus qu’à celle du Dauphin auquel ils avaient pourtant prêté allégeance. La Hire, Ambroise de Loré et bien d’autres suivraient la Pucelle jusqu’au bout du monde si elle le demandait.

Gauvain sourit.

— Merci Jeanne, dit-il simplement en lui donnant une accolade fraternelle.
— Va, maintenant, lança-t-elle. Le duc m’attend et j’ai encore quelques soins à donner.

Il s’inclina avant de prendre congés avec un pincement au cœur. Il aurait quelques peines à quitter celle qui s’était lancée à corps perdu dans une guerre commencée près d’un siècle plus tôt, mais sur son âme régnait une autre Dame.

Un peu plus tard, Gauvain partageait une coupe de vin avec son ...

... frère, lequel regrettait les filles de camps chassées par Jeanne quelques semaines auparavant. L’aîné n’écoutait que d’une oreille distraite ses lamentations concupiscentes. Même s’il avait été adoubé à Orléans quelques semaines plus tôt, Thibault restait bien jeune et ne voyait encore en toute femme qu’un corps chaud. Un jour viendrait où il découvrirait les vertus de l’attachement, de la fidélité, de l’Amour…

Tout à coup, il écarta la coupe de ses lèvres et huma l’air. Thibault interrompit bientôt son bavardage pour l’imiter avant de s’exclamer :

— Quel doux parfum !
— Du chèvrefeuille, répondit son aîné en se levant. Laisse-moi seul, je te prie.
— Encore ! Chaque fois, j’oublie, pesta le cadet déconfit. Ce parfum me chasse. Ne pourrais-tu pas, pour une fois…
— Non, mon frère, va-t’en, s’il te plaît.

L’intéressé soupira bruyamment avant de vider sa coupe et de se lever. Il hésita un instant, puis s’empara du cruchon encore aux trois quarts pleins.

— J’en aurai plus besoin que toi, surtout s’il faut encore que je dorme avec La Hire ! C’est un compagnon de tente effroyable ! Non seulement il ronfle comme un sonneur, mais en plus ses pieds…
— Baste, Thibault ! Va-t’en ! S’agaça Gauvain.
— C’est bon, c’est bon, tempéra le jeune chevalier. Je pars.

Il sortit en maugréant, sa coupe dans une main, le cruchon dans l’autre.

Son frère ne lui accorda pas un regard. À peine la toile était-elle retombée qu’il ôtait sa chemise et se lavait. Peu après, frais et rasé, il ...