Fifty-Fifty
Datte: 27/01/2024,
Catégories:
fh,
ff,
ffh,
hplusag,
Collègues / Travail
fête,
amour,
portrait,
Auteur: Amarcord, Source: Revebebe
... de m’offrir la liberté, il m’aurait isolée du monde pour me préserver de ses dangers et de ses tentations. Il t’aurait rassuré : là au moins, je ne risquerais pas de t’abandonner. Comme Marie.
Juliette s’interrompit, effrayée par les mots qu’elle venait de prononcer.
— Excuse-moi, c’est vraiment dégueulasse. Je suis désolée.
— Surtout pas. Continue. Tu m’intéresses.
— Je reviens à ton paradis indien, celui où tu m’as conduite et où tu as mon âge. Un monde parfait où nous nous aimons, sans contraintes et sans menaces. Sans même le regard des autres. Et pourtant, en dépit de tout ce qui nous y protège, la probabilité que tu commences à paniquer dès la 3e lune à l’idée de me perdre, tu sais à combien je l’évalue ?
— Je crois deviner, oui.
— Cinquante-cinquante.
— Disons plutôtfifty-fifty, et on n’en parle plus.
— CQFD.
Juliette sourit, posa un baiser sur le bout de son nez.
— Ça te va bien,fifty-fifty. Je crois bien que je vais le substituer à « Jérôme » dans le répertoire de mon portable.
— Adjugé… Ça me classera donc pile-poil dans la moyenne de tes prétendants.
— Pour les prestations, tu te sous-estimes. Pour l’âge, je ne tiens jamais le compte.
— C’est bien là ma chance.
— Dis-toi bien qu’on s’en fout, de ton âge, Jérôme. Pas question que ça nous encombre. Si je devais te quitter, à supposer que nous soyons ensemble, je pourrais le faire pour des tas d’autres raisons.
— Qu’est-ce que t’as dit, là ?
— Rassure-toi, c’est une image, pas une menace. Je ...
... n’en ai pas du tout l’intention.
— Non, pas ça… «…à supposer que nous soyons ensemble… » Et si c’était ça, la solution ? Suffit de prétendre qu’on n’est pas un couple. Libres comme des guerriers cheyennes. Comme ça, tu ne pourras jamais me quitter, puisqu’on n’est pas ensemble.
— Mais ça me laisse toujours l’occasion de te conquérir ?
— Tous les jours, si tu veux.
— Trois fois par jour ?
— C’est bien le minimum.
— Alors, prouve-le-moi tout de suite, j’en meurs d’envie…
⁂
Ce soir-là, Jérôme s’était attardé plus que de nécessaire au journal. La relecture d’un long pensum géopolitique lui avait coûté bien des efforts et pas mal de jurons. Et puis Juliette n’était pas à Paris. Elle lui manquait déjà, mais son absence lui apportait aussi une parenthèse de sérénité, qu’il jugeait utile pour comprendre où le menait cette histoire intense, trop intense peut-être.
En poussant le portail, il aperçut sur le trottoir une silhouette gracieuse. Corps élancé, cheveux courts, regard de biche… Dieu que cette fille lui plaisait, elle aussi…
— Bonsoir, Jérôme.
— Hedia ? Quelle heureuse surprise ! Vous attendez Juliette ? Ça risque d’être long, elle est à Venise, pour laMostra.
— Je sais. Elle a bien de la chance. Je ne venais pas pour elle. Ça vous dérange, si je marche à vos côtés ?
— Au contraire. Je bénis le heureux hasard qui m’offre votre compagnie.
— Le hasard n’y est pour rien. Je vous ai quitté un peu trop vite, la fois dernière.
— C’est ce que doivent penser tous ...