1. Lendemains


    Datte: 16/01/2024, Catégories: fh, couple, inconnu, copains, amour, caresses, confession, Humour rencontre, amouroman, Auteur: Mlle Fanchette, Source: Revebebe

    ... t’ai pas entendue.
    
    Mais où est-ce qu’il trouve l’énergie pour se moquer de moi dans un moment pareil ? Et il est frais comme un gardon, le bougre !
    
    Je digère les informations en sirotant mon jus pendant qu’il mange, frais et dispos. Il reste encore une question à éclaircir avant d’envisager de l’étriper pour ses taquineries.
    
    — Est-ce que… est-ce qu’on a… euh… enfin, tu vois quoi.
    
    Il lève un sourcil interrogateur, prend le temps de mastiquer lentement sa bouchée avant de boire un long trait de café, le regard pétillant. Il repose ensuite tranquillement sa tasse, en gardant le silence. Il va m’achever !
    
    — Je ne vois pas de quoi tu parles, me dit-il finalement avec un air innocent.
    
    « Je le tue tout de suite, ou je bois un petit café d’abord ? »* Il ne va pas me faciliter les choses, l’animal !
    
    — Est-ce que tu… Le lit… Est ce que nous avons… comment dire ? Dormi ensemble ?
    — Ah, tu veux savoir si j’ai profité de la situation pour découvrir tes charmes.
    
    Un nouveau silence pendant qu’il continue paisiblement son repas, un petit sourire au coin des lèvres. C’était une question rhétorique, accouche, par pitié ! Il ne va pas m’obliger à le supplier quand même ? Il est au bord du fou rire, cet enfoiré !
    
    — Et bien, ma chère amie, sachez que j’ai profité de la situation pour tester le confort de mon canapé-lit. Mon frère avait raison, il commence à être défoncé.
    
    C’est décidé ! Soit je me pends, soit je l’étripe !
    
    *« Les barbouzes », dialogues de M. ...
    ... Audiard
    
    Quelle nuit !
    
    Nous l’attendions depuis si longtemps, c’était juste merveilleux !
    
    Je me retourne dans les draps, mais la place près de moi est aussi vide que froide. J’ai beau me raisonner, je sens déjà la mélancolie monter. Allons, il est sans doute dans la pièce voisine… Seul le silence répond à mon appel.
    
    Était-ce trop beau pour être vrai ? L’ai-je déçu ? Tant d’heures passées à discuter par message, puis par téléphone, et enfin en vrai ; tant de sorties sympas, de discussions sérieuses ou futiles ; tant de chemin avant le Grand Soir pour que ça se termine ainsi ? Au petit matin, il n’est plus là…
    
    L’ironie, c’est que nous étions chez lui. Il a déserté son propre lit !
    
    Ça fait mal quand on est amoureuse de s’éveiller avec la solitude.
    
    Et les questions nombreuses, incessantes, oppressantes… Ai-je fait quelque chose de mal ? Pourtant, il a eu l’air d’apprécier autant que moi… Était-ce prévu ainsi pour lui ? Je le vois mal partir après avoir obtenu ce qu’il voulait. On ne se donne pas tant de mal pour un coup d’un soir. Quoi d’autre ? Lui ai-je fait peur ? Je l’ai choqué peut-être ? …
    
    Allons, debout ma grande, ça ne t’avancera à rien si tu te mets en plus à pleurer dans son lit. Et puis, en bougeant, tu troubleras le silence, en t’activant, tu oublieras son absence. C’est fou les mensonges qu’on se raconte à soi-même quand tout s’écroule et qu’on refuse de s’effondrer.
    
    À tâtons, je retrouve l’interrupteur de la lampe de chevet et me mets en quête ...
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