La lecture - Histoires de Sexe

La lecture

... joues de Pénélope virèrent au rose carmin.

— Lu aussi. Le texte est beaucoup plus long. Plus d’une heure de lecture…

Octave s’étonna de la subite couleur fraise, qui habillait maintenant le visage de son employée, mais se décida à ne pas ramener la sienne. Il s’éclaircit la gorge sans oser poser sa question. Ces textes étaient-ils excitants pour elle ?

— Pourquoi commencer par le plus court ?

Pénélope retira sa tablette informatique du sac de toile avec des gestes lents.

— Je l’ai trouvé agréable et excitant.

Octave, tasses vides en main, s’apprêtait à servir leurs premiers cafés.

— Ah ! Tant mieux alors. L’autre ne l’est pas ?

Pénélope manipulait sa tablette, et leva ses yeux bleus et ses joues roses vers Groseille.

— Si ! Il l’est… Beaucoup plus ! Ce qui m’a étonnée…
— Tiens donc… Puis-je savoir pourquoi ?
— Parce qu’il traite d’exhibition ! Vous savez ce qu’est une exhibition ?
— Vous savez vous faire cuire un œuf ?

Pénélope ne put réprimer un charmant sourire timide.

— Bien fait pour moi ! Ce qui m’a surprise, c’est que l’exhibition ne m’avait jamais interpellée.
— Je comprends…
— Jusqu’à hier soir… L’autrice, elle, est une adepte du genre.
— Mais… Pénélope, comment savez-vous ça ?

Décidément, son visage ne cesserait plus de la brûler. Pénélope se savait rouge et en était gênée. Les cafés étaient servis et les tasses sur le bureau. Fort heureusement. Les mots de la jeune femme auraient pu provoquer un petit drame, si Octave ...

... avait renversé son café.

— J’ai contacté l’autrice. Une femme qui paraît sympathique, et elle m’a donné quelques détails sur ses écrits. Mais nous en reparlerons plus tard si cela vous intéresse.
— Bien sûr ! Je veux dire, oui, ça m’intéresse, et oui, plus tard…

Octave but une première gorgée de café. Il se sentait brusquement fébrile. Fébrile et un brin tendu. Tendu dans un début d’érection d’une part, érection due au fait qu’il avait la réponse à sa question. Et tendu nerveusement d’autre part, se demandant comment il réagirait, face à cette femme qui l’excitait sans même rien avoir à faire pour cela. Et ce matin, Pénélope allait lui lire un texte érotique. Un texte qui, de son propre aveu, l’avait excitée…

Octave, dos collé au dossier du siège installé dans le bureau improvisé du fond de la librairie, s’efforçait de ne pas regarder Pénélope constamment. C’était parfois une torture et parfois une échappatoire. Un jeu de cache-cache aussi. Pénélope lisait très bien. Sa formation l’y avait certainement préparée. Elle anticipait sa lecture et ses yeux l’observaient très souvent, tandis qu’elle faisait lecture. Un jeu du chat et de la souris, autant excitant pour lui que gênant. Octave bandait. Et il bandait fort. Il bandait comme un âne. Il bandait comme un taureau. Il bandait comme un cerf. Ou parlait-on de chevreuil dans ce cas précis ? Encore qu’il ne pouvait faire aucune comparaison entre son érection, et celles du bestiaire proposé par les expressions populaires de ...