1. Poupée Vaudou


    Datte: 06/01/2024, Catégories: fh, couleurs, extracon, vacances, voyage, dispute, Humour fantastiqu, fantastiq, Auteur: Laetitia, Source: Revebebe

    ... :
    
    — Asseyez-vous, dit la vieille.
    
    Abigail a cherché du regard une chaise :
    
    — Non, par terre, devant le foyer.
    
    Les trois Américains se sont assis en tailleur sur le sol en rang d’oignons. La vieille fit de même en face d’eux. Elle a entassé des brindilles, de la paille, et a allumé le feu.
    
    Les yeux d’Abigail s’habituèrent à la semi-obscurité. Elle distinguait maintenant, à côté de la vieille, une cage posée avec à l’intérieur un poulet :
    
    — Nous allons attendre que le feu prenne et que la nuit tombe, dit la vieille, les esprits ne viennent pas quand il fait jour.
    — Je vais invoquer les « Guédé », les esprits de la mort. Le Baron Samedi et Maman Brigitte, sa femme, mais aussi, certainement que le Baron Kriminel viendra aussi…
    — Je préviens, dit plus fort la vieille en pointant son doigt vers les Américains, les « Guédé » sont une famille bruyante, grossière, mais ils sont tout de même bienveillants. Ils aiment rire et s’amuser. Ils sont un peu moqueurs et aussi très portés sur le sexe.
    — Que la cérémonie commence ! dit-elle en jetant une poignée de plantes séchées dans le feu.
    
    Une fumée opaque se mit à envahir la cahute. Ça piquait les yeux, ça troublait la vue.
    
    La vieille femme se mit à marmonner des paroles incompréhensibles. Puis sa voix s’est élevée. Elle psalmodiait comme une incantation, maintenant. Elle s’est mise à faire osciller son corps rabougri, d’avant en arrière. Puis, elle a perdu l’équilibre et s’est retrouvée allongée sur le dos à même ...
    ... le sol de la cahute. Elle fut prise de quelques convulsions nerveuses.
    
    La fumée était de plus en plus épaisse. Abigail, maintenant, distinguait à peine la femme trembler de tout son corps. Elle poussait des cris, la bave coulait sur son menton. Puis, elle est entrée en transe.
    
    D’un seul coup, ses yeux se sont révulsés et elle s’est écriée :
    
    — Et voici les « Guédé ».
    
    Puis :
    
    — Bienvenue à toi, Baron Samedi, esprit de la mort et de la résurrection.
    
    Devant les flammes du feu est apparu ce qui semblait être un homme de haute taille, mince, portant un chapeau haut de forme et un costume genre smoking élimé de partout, noir et violet. Son visage était couvert par un masque de tête de mort arborant un rictus. Sous sa veste de smoking, il portait un haut et un pantalon noirs, près du corps, où étaient imprimés en blanc les os du squelette humain :
    
    — Et voici Maman Brigitte, esprit de la mort, celle qui boit du jus de piment, du venin de serpent et du sang de poulet.
    
    À côté de celui qu’Abigail prenait pour le Baron Samedi« c’est sûr maintenant, ce ne sont plus des hallucinations dues à ces plantes qui brûlent, mais la simple vérité », elle en est persuadée, venait d’apparaître une femme mince aussi et de haute taille. Elle était attifée à peu près comme le Baron Samedi, son mari, sauf qu’à la place du smoking, elle portait une robe rouge et noir laissant voir ses cuisses. Elle avait le même haut de forme et le même visage de tête de mort ricanante que son mari. ...
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