1. Soleils noirs


    Datte: 04/01/2024, Catégories: fffh, fplusag, jeunes, bizarre, bain, Voyeur / Exhib / Nudisme caresses, nopéné, init, poésie, fantastiqu, revebebe, fantastiq, Auteur: Calpurnia, Source: Revebebe

    Une belle journée d’été, une base de loisirs autour d’un lac de montagne entouré de pins et de sommets aux neiges éternelles.
    
    Des femmes, par centaines, par milliers, toute une foule de tous âges, tournaient autour sur le chemin, marchant lentement, l’une derrière l’autre, silencieuses, dans le même sens, celui des aiguilles d’une montre, celui du temps dont elles s’épanchaient de leurs veines béantes, grandes blessées d’une guerre sans armes et sans armées. Elles venaient de tous les pays et allaient pieds nus, vêtues de longues robes noires, presque transparentes, et coiffées de rosiers tressés. Les fleurs ouvertes exhalaient de doux parfums qui se mêlaient aux fragrances féminines, mais les fronts saignaient sous les épines acérées. Les tissus fins se moiraient sous le soleil.
    
    La scène était baignée d’une lumière d’altitude, bien plus crue qu’en plaine. Les ombres étaient courtes et si épaisses que l’on aurait pu choir dedans en y marchant par mégarde. Il était environ quinze heures. Aucun vent. Tous les grillons, tous les oiseaux de l’azur, ceux qui étaient noirs et ceux qui éclataient de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel contribuaient ensemble au concert joyeux de la vie.
    
    Pourtant, la plupart des femmes pleuraient. Celles qui ne pleuraient pas se tordaient les mains de douleur, se mordaient les lèvres jusqu’au sang. Car le Créateur, afin de punir leur frivolité, les avait frappées de mélancolie. Même celles que l’existence avait épargnées de drames étaient ...
    ... atteintes d’une tristesse inexplicable, inguérissable. Deuils d’amours qu’elles n’avaient jamais éprouvés, chagrins d’enfants qu’elles n’avaient pas portés : rien de concret ne justifiait leur peine. Leurs yeux rougis ne supportaient plus l’exultation de la nature ni leurs oreilles le chant dissonant de l’humanité.
    
    Procession funèbre ! Elles se dirigeaient en spirale vers un plongeoir situé au centre de l’étendue d’eau, afin de s’y jeter, chargées de chaînes et lestées de lourds poids qui, chacune à leur tour, les précipitaient au fond, très profond, où la lumière renonce, où des incubes surgis de l’enfer les violaient avec la dernière sauvagerie avant de les entraîner plus bas encore, vers les entrailles brûlantes de la terre, le côlon gluant de Gaïa, digérées et déféquées pour l’éternité.
    
    Simultanément, les hommes eux aussi étaient sanctionnés pour leur orgueil futile, mais dans d’autres lieux et selon d’autres méthodes.
    
    Seul sur le bord, en retrait de la procession macabre, un garçon s’exerçait de tractions.
    
    Il avait à peine l’âge requis pour faire l’amour.
    
    Il voulait devenir fort comme un héros de la mythologie grecque, afin de séduire les filles.
    
    Rien ne pouvait le détourner de son objectif : ni fatigue ni distraction. Il ne prêtait aucune attention au drame qui se jouait autour du lac.
    
    Bras tendus, bras détendus, en rythme constant. En pronation, puis en supination, alternativement, tous les dix mouvements. Torse nu, pieds nus, ses muscles saillaient ...
«123»