L'escapade du monstre de Frankenstein - Histoires de Sexe

L'escapade du monstre de Frankenstein

... mieux pour ne pas paraître malpoli.

Une fois ragaillardi par cette pitance, Mary lui demanda ses frusques et s’affaira à la couture. Il y en avait du boulot. Le temps de ce travail titanesque, elle lui raconta sa vie. Plus jeune, déjà aveugle, elle se piqua avec un fuseau maudit et elle s’endormit pendant près de cent ans. Ce n’est qu’à l’arrivée d’un prince qui lui offrit un baiser qu’elle se réveilla.

Bien sûr, au bout de cent ans, on a une haleine de chacal, le prince s’enfuit pour vomir, il avait eu une drôle d’idée qu’il regretta amèrement.

Mary Shelley était une conteuse hors pair, le monstre de Frankenstein était tout ouïe. C’était la première fois qu’on lui racontait une histoire. Il ressentit un amour indéfectible pour cette vieille peau d’aveugle. C’est bon de se sentir aimé.

— Encore ! Encore ! réclama-t-il avec empressement.

Mais Mary avait une tout autre idée en tête, elle avait fini de recoudre les braies de sieur le Monstre, il fallait s’assurer qu’ils étaient à la bonne taille, quelles que soient les circonstances. Elle s’employa à ce que le monstre ressentit de nouveau son sang affluer et que son bas-ventre soit de nouveau de taille disproportionnée !

Dans un souci purement perfectionniste, le docteur avait cherché sur de nombreux cadavres l’appendice aux bonnes mensurations. Heureusement pour la vieille qu’il avait le souci du détail… !

— Raah ! Saperlipopette ! Votre pantalon n’est pas assez grand. Le mieux c’est que vous restiez ...

... ainsi nu comme un nouveau-né. Je travaillerai de nouveau sur votre tissu demain, car il se fait tard et on ne voit plus rien.

Après s’être cogné de nouveau au chambranle de la porte menant à la chambre, une bosse en plus, une bosse en moins, le monstre constata qu’il n’y avait qu’un seul lit !

Après tout, ce n’était qu’une chaumière et non une auberge, à quoi s’attendait-il ? Il se morigéna de sa stupidité.

— Rooh, flûte ! Nonobstant d’être moche comme un pou, je suis bête comme chou !

Durant la nuit, la vieille aveugle se colla contre son gentil géant, qui était si harassé de sa journée, qu’il s’endormit presque aussitôt. Elle tenta de le ranimer, mais rien à faire, il ronflait comme un dragon.

Elle le toucha un peu, histoire de… Elle y mit du sien, mais arriva assez vite à la conclusion suivante, la partie de jambes en l’air c’est tintin pour cette nuit ! Pauvre Mary Shelley, elle qui avait placé beaucoup d’espoir dans ce bon gros niais.

Ça a toujours été son problème, elle n’a jamais choisi avec discernement les hommes de sa vie.

Avec le chant du rossignol, le matin arriva, lumineux, frais. Le monstre s’étira, il avait passé l’une des meilleures nuits de sa vie. Il se sentait revigoré. Une petite faim le tenaillait, il espérait pouvoir se délecter de l’ami du petit-déjeuner, un bol de chicorée avec quelques petites pâtisseries fraîches.

Le monstre a un bon odorat. Mais il ne sent rien d’autre que les odeurs d’une matinée printanière. Où sont donc les ...