1. Chapitre I – La fille du train


    Datte: 12/11/2023, Catégories: fh, train, délire, Humour fantastiqu, fantastiq, Auteur: Iovan, Source: Revebebe

    Je me trouvai, debout, hébété, près de la porte de communication, juste avant le premier compartiment dont tous les rideaux étaient tirés.
    
    Un train ! J’étais dans un train ! Qu’est-ce que je faisais dans un train… ? Où allait-il ?
    
    Dehors, c’était une nuit d’encre, hachurée de temps à autre par la tache blanche aveuglante d’un feu de sémaphore, avalée tout aussitôt qu’apparue, ou rehaussée par le trait de pinceau vite estompé d’un pâle faisceau lointain. À l’intérieur régnait une pénombre transparente, dont le calme teinté par le lavis de la lumière bistre des veilleuses contrastait avec l’obscur vacarme qui semblait régner au-dehors.
    
    Qu’est-ce que je foutais dans ce train de nuit qui ne m’emmenait nulle part ? Je n’avais le souvenir de rien ! Les sensations qui me parvenaient étaient étranges, dans un vertige… gommées par une brume… J’avais mal à la tête, comme si j’avais bu ! Bien sûr ! Hier soir, j’avais bu. Et comment, on avait bu ! Nous étions avec toute la bande et on fêtait l’anniversaire de… comment s’appelle-t-elle, déjà… ? C’est pas vrai… ! Je l’ai baisée ! Je devrais au moins me souvenir de son nom… Oui, c’est ça ! Voilà ce qui n’allait pas.
    
    Je réalisai que je ne percevais qu’un bruit blanc. De ce train ne me parvenait aucun bruit. Aucun son identifiable sinon une espèce de chuintement inaudible, mat et plat. Comme un long sifflement… sans que ça siffle… C’est pas vrai… ! Que j’ai chaud !
    
    Je ressentais bien les secousses rythmiques qui font un des ...
    ... charmes du voyage en train, mais je n’entendais pas leur bruit caractéristique « tatam-tatam… tatam-tatam » que j’aimais tant quand j’étais gosse. Pense pas à quand t’étais gosse ! Surtout, garder son calme, pas d’émotion ! Maîtrise !
    
    La perspective du long couloir se mit à osciller de droite, de gauche, encore et encore, sortant du cadre… les fuyantes se mettaient à onduler… il n’y avait plus rien de construit… ! J’allais vomir !
    
    Il fallait que je ferme les yeux. Les yeux, tout passait par les yeux, si je maîtrisais la vision, j’étais sauvé ! J’y parvins et, effectivement, tout se calma presque instantanément. J’entendais toujours ce même bruit blanc, en fond, mais petit à petit, je retrouvai mon calme.
    
    Combien de temps étais-je resté là, prostré, dans cette zone ouatée et vide ? Toujours ce balancement immobile… ! Je décidai de rouvrir les yeux. Ce que je pus faire sans avoir à fournir d’effort. Que se passa-t-il autour de moi pendant ce temps ? Rien… Je n’en savais rien.
    
    Il me fallait trouver quelqu’un, un contrôleur, un simple voyageur, quelqu’un à qui parler qui puisse me renseigner, au moins sur la destination de ce foutu train.
    
    Ça ne m’était pas encore venu à l’idée, mais j’eus soudain l’impression d’avoir perdu la mémoire. Non, ça n’était pas ça, je me souvenais, quand même, de ce que j’avais fait hier soir… enfin, à peu près.
    
    « E vietato fumare », la consigne d’interdiction de fumer était en italien. J’étais complètement paumé !
    
    Je me tenais près du ...
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