Orthodoxie - Histoires de Sexe

Orthodoxie

... avec moi, je ne peux l’en blâmer. Elle ne sait rien de moi. Pour l’instant, je reste ludique :

— Avant que nous nous endormions, je puis te raconter diverses choses, à la fois littéraires, historiques ou géographiques… telles des leçons, mais en plus divertissantes…
— Vous aimez joindre l’utile à l’agréable…

Caressant ma barbe, je souris :

— Je te le confirme : j’aime joindre l’utile à l’agréable. C’est pour cette raison que je souhaite t’attacher exclusivement à mon service, matin, midi, soir et bien sûr nuict.
— Exclusivement !? Sans avoir d’autres choses à faire que d’estre avec vous ?
— Exactement. Alors, qu’en dics-tu ?

Elle est assez éberluée. Je suppose que d’habitude les hommes ne lui proposent que la nuit, et qu’en journée, elle vaque à ses obligations quotidiennes. Elle hoche la tête pour dire oui. Ravi que tout se passe pour le mieux, j’enchaîne :

— Passons aux choses sérieuses : que dirois-tu d’une certaine obole chaque jour ?
— Chaque jour ? Et combien de sols cette obole ?

Je me tâte avant de prononcer un chiffre. J’ai déjà entendu bien des hommes se vanter de donner quelques sols pour la nuit. Puis volontairement, je propose un prix moyen :

— Cinq sols…
— Non, dix !

Bien essayé, ma jolie, mais je sais, dans ce château, qu’elle gagne au mieux deux sols par jour, voire un sol et quelques deniers, et encore. Je sais pertinemment que le Trésor Royal est assez pingre, sauf pour organiser des fêtes. Je rétorque :

— Tu te gausses, ...

... jeunotte ! Je te rappelle que tu es déjà logée, nourrie et blanchie. Je propose cinq, avec des petits à-côtés.
— Lesquelles par exemple ?
— Nous mangerons ensemble, ou au pire je te rapporteroi ton repas, donc des plats de meilleure qualité. De plus, je puis augmenter ton trousseau, et t’offrir menus cadeaux, comme une nouvelle robe en une semaine, par exemple.
— Une nouvelle robe ?
— C’est ce que je viens de dire…

Elle fait mine de réfléchir, mais je sais que cinq sols constituent déjà un apport non négligeable par rapport à son actuelle rétribution, sans dire qu’elle n’aurait plus à travailler avec moi. Comme beaucoup de servantes dans le même cas, je présume qu’elle doit posséder deux tenues qu’elle alterne, et peut-être une robe pour les occasions spéciales. Cependant, elle argumente :

— Mais si je passe à votre service, est-ce que je ne risque point de perdre mon présent salaire ?
— Tu sçais très bien comment ça se passe en pareil cas. Une servante de plus ou de moins, ça ne se voit point. De plus, je suis de ceux qui peuvent approcher le premier cercle, donc je ne pense pas qu’il y aura problème. S’il y a soucy, j’iroi parler à qui de droit.

Elle expose clairement ses craintes, chat échaudé, craint l’eau froide :

— Et si vous vous lassez de moi après la première nuict ?
— Ce sont les impondérables de la chose. Mais je n’y crois guère. Toi-mesme, je crois deviner que je ne te suis point indifférent.
— Je reconnois que… vous estes un bel Ulysse…

J’affiche ...