Les aventures de Rosalie - Histoires de Sexe

Les aventures de Rosalie

... On ne se reverra probablement jamais. C’est pour ça que j’aime le stop, on peut faire des rencontres intéressantes, on peut se lâcher complètement, on sait que c’est sans lendemain.

On est restés quelques instants, une première voiture s’est arrêtée, après discussion, elle a fait non de la tête et la voiture est repartie. Le même manège s’est reproduit un peu plus tard. Finalement, elle est partie avec un camion espagnol.

*

**

Mais surtout, c’est grâce à moi que Ludo a rencontré Manon, la femme de sa vie !

Dans une station-service, réputée pour être une des moins chères de la ville, nous attendons notre tour. Devant nous, à côté de la pompe, une petite voiture japonaise. La conductrice est perplexe : elle a le pistolet à la main, cherche à ouvrir la trappe à essence mais sans succès. Ludo descend et propose son aide.

— Ce n’est pas ma voiture, dit-elle, c’est idiot mais je n’arrive pas à ouvrir la trappe.

Quand on connaît la voiture, c’est simple, Ludo se penche dans la voiture, tire sur le levier à peine visible et la trappe s’ouvre.

Elle le remercie et remplit son réservoir. Je l’examine discrètement, elle doit avoir à peu près l’âge de Ludo. C’est l’hiver, elle porte un grand manteau, je remarque seulement les cheveux blonds ondulés, un visage ovale et, semble-t-il, des yeux très clairs. Quand elle termine son plein, Ludo lui lance :

— Je peux vous offrir un café ?
— Désolé, mais j’ai un partiel de droit dans une heure et je dois rendre la ...

... voiture avant.
— On est voisins de fac, moi je suis en Histoire-Géo. Si on se retrouvait au Grand Café ?

C’est un bistrot que tout le monde connaît.

— Je suis vraiment à la bourre, je dois partir, répond-elle.
— C’est bien dommage !

Elle est déjà installée mais quand elle ferme la porte, je l’entends répéter doucement :

— C’est bien dommage.

Je ne sais pas si Ludo a entendu. Le lendemain, je l’entends discuter avec un copain :

— Toi qui es en droit, tu ne connais pas une fille…

Et de la décrire. C’est fou le nombre de détails qu’il a enregistré en quelques secondes.

— Écoute, on est des milliers, personne n’a les mêmes horaires. Trouver une blonde aux yeux clairs, sans même connaître son prénom, oublie !

Pourtant, nous irons plusieurs jours rôder autour de la fac de droit, du Grand Café, sans succès.

La semaine suivante, pendant que je somnole sur le parking de la fac, je la vois arriver. Elle vient vers moi, me tourne autour, regarde à l’intérieur. Elle a une petite enveloppe à la main, veut la glisser sous l’essuie-glace. Mais il pleut, le pare-brise est mouillé, je la vois hésiter. C’est sûr, d’ici que Ludo revienne, l’enveloppe sera trempée. Elle met la main sur la poignée de porte, elle veut probablement déposer le mot à l’intérieur. Là, sans réfléchir, je fais ce qu’on ne doit jamais faire, je déverrouille la porte ! J’espère que personne ne m’a vu, j’en connais certaines qui pourraient me dénoncer de vouloir prendre en main les commandes. ...