1. La rencontre


    Datte: 05/03/2018, Catégories: fh, Humour ecriv_f, Auteur: Merry, Source: Revebebe

    Maud et Sébastien firent connaissance par l’intermédiaire d’une amie commune, Laurence, qui les avait tous deux conviés à l’un de ces dîners/corvées auquel on se sent parfois obligé d’assister sous couvert de resserrer de prétendus liens sociaux. S’étant conséquemment l’un et l’autre rendus chez leur amie à la date convenue, les jeunes gens se retrouvèrent bien évidemment entourés d’une ribambelle de couples énamourés et furent donc fortement incités à se tenir mutuellement le crachoir.
    
    D’une conversation de façade, ils passèrent rapidement, le vin aidant, à des sujets un peu plus personnels, et sentirent naître entre eux une complicité grandissante qui, en les isolant dans une sorte de bulle protectrice, les coupait par la même occasion des jacassements futiles des uns et des autres.
    
    On passa au salon prendre le café et ses habituels accompagnements, Sébastien se montra fort empressé, soucieux du confort de son interlocutrice. Désirait-elle encore une praline ? Non ? Un biscuit peut-être ? Et la jeune femme, ravie de tant d’attentions, minaudait un peu, tâchait de se montrer spirituelle, bref, mettait tout en œuvre pour le séduire définitivement avant que la soirée ne touche à sa fin.
    
    Les minutes passèrent, les corps se rapprochèrent.
    
    Maud sentait maintenant la chaleur du genou de Sébastien contre le sien, et tous deux faisaient de louables efforts pour rester impassibles tandis que se déchaînaient en eux de lancinantes interrogations : « Que faire maintenant ? ...
    ... Dois-je faire quelque chose ? Bah, je ne suis sûrement pas assez bien, laissons tomber… » Ils manquaient tous les deux d’assurance, conscients de ne pas être à la hauteur des perfections glacées des magazines.
    
    Ils n’étaient pourtant pas spécialement repoussants, ni même excessivement monstrueux, juste normaux, avec un certain charme même pour Maud, toute blonde et potelée, dotée d’un joli visage ovale et de mignonnes boucles courtes. Sébastien était plutôt attirant, en fait, avec ses yeux verts et sa bouille de nounours, et ce, malgré ses poignées d’amour !
    
    Pourquoi tant d’appréhensions ? Qu’ils se lancent, que diable !
    
    Sébastien, en effet, malgré sa timidité, se lança, enhardi peut-être par les quelques verres de vin qu’il avait absorbés : il décida de jouer les chevaliers servants, en l’occurrence un chevalier motorisé : Maud, fine mouche, ayant peur qu’à une heure aussi avancée tous les taxis ne se soient changés en citrouilles. Sébastien, brave plantigrade, s’était donc généreusement offert à raccompagner la pauvre Cendrillon.
    
    — J’ai bien peur d’avoir dû me garer assez loin. Préférez-vous m’attendre ici ou bien préférez-vous…
    — Je vais vous accompagner, vous êtes si gentil de me rendre ce service, et puis je pense qu’un peu d’air frais me fera du bien…
    
    (Ah, l’air frais, un prétexte magnifique, usé jusqu’à la corde de la corde et pourtant toujours aussi efficace !)
    
    Ayant pris congé de leur entremetteuse et néanmoins amie, ils entamèrent leur doux périple ...
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